samedi, 12 avril 2014

Parole du patient, éthique du soignant... tout un programme !

Parole du patient, éthique du soignant... tout un programme !

 

Le 24 avril 2014 s’ouvrait la conférence internationale d’éthique clinique (ICCEC)sur le thème "La voix du patient". Martin Winckler, médecin, romancier, essayiste... en fût l'un des intervenants. Une brillante chronique intitulée "Parole du patient, éthique du soignant", à l'image de son auteur qui nous fait l'honneur de la partager avec la communauté d'Infirmiers.com.

parole du patient éthique du soignant

10e Conférence internationale d’éthique clinique sur "La voix du patient"

Aujourd’hui, je vais vous parler de ce qui devrait être. Vous n’aurez pas de mal à en déduire ce qui, malheureusement, n’est pas encore. Ce que je tente d’exprimer ici n’est pas une suite de dogmes, mais une série d’intuitions et d’aspirations. Patient et soignant sont tous deux des humains. Ils arpentent tous deux la route dangereuse, imprévisible et finie de la vie. Peu de chose, symboliquement, les différencient. En pratique, ce qui les sépare est leur situation. Le patient est un humain tombé dans un fossé (un ravin, un gouffre) et souffre. Il demande de l’aide à ses proches et, parfois, à un soignant. Le soignant est un humain qui dispense des soins. Parfois c’est un geste spontané, désintéressé ; parfois, c’est un métier choisi et il en vit. Dans un cas comme dans l’autre, c’est son attitude qui fait de lui un soignant, et non son statut.

Patient et soignant sont tous deux des humains. Ils arpentent tous deux la route dangereuse, imprévisible et finie de la vie

Pour aider le patient à sortir du fossé (du ravin, du gouffre), le soignant dispose d’un point d’appui (son savoir) et d’un levier (son savoir-faire, ses expériences). Sa mission : ramener le patient sur la terre ferme, l’empêcher de tomber plus bas, lui éviter d’être englouti dans les sables mouvants. Le soignant délivre des soins, des encouragements, de la réassurance. Le patient les reçoit et donne, en retour, beaucoup de gratifications - de la confiance, de la reconnaissance, de l’argent ; il contribue à la réputation, à la renommée du soignant. Ainsi, la relation de soin est une relation d’entraide, une relation de partage. Ce n’est pas une relation de pouvoir, ni d’une part, ni de l’autre. Le pouvoir s’exerce sans partage. Pouvoir et soin sont incompatibles.

C’est la parole du patient qui désigne le soignant. C’est elle qui décrit la situation - le fossé, le ravin, le gouffre dans lequel se trouve le patient. C’est elle qui fait appel au soignant - à celui-là et pas un autre. Sans la parole du patient, il n’y a pas de soignant.

Ainsi, la relation de soin est une relation d’entraide, une relation de partage

Ecoutez bien ce que dit le patient quand il entre, disait le britannique William Osler, car il vous donne le diagnostic.

C’est vrai : sans symptômes (ce que le patient ressent), les signes (ce que le soignant observe ou non) n’ont aucune signification. La parole du patient retrace l’histoire des uns et des autres. Elle décrit leur intensité et la perception qu’il en a. Elle exprime les émotions qui les ont accompagnées - et celles qui motivent l’appel au soignant.

Le soignant de métier connaît souvent beaucoup de choses. Il peut être tenté de penser qu’il sait mieux que le patient ce qui lui arrive. Il peut être tenté de croire qu’il est en charge. Mais c’est toujours au patient, avant tout, de prendre les décisions qui le concernent : il s’agit de sa vie, de son corps. Le soignant n’est pas dans le corps du patient, il n’est pas dans sa vie - sauf pendant le court temps qu’ils passent ensemble. Le soignant n’a pas les sensations du patient, ni ses représentations, ni ses émotions, ni sa sensibilité, ni ses repères, ni ses perceptions.

Le serment du soignant lui enjoint de respecter le corps du patient. Il doit aussi respecter sa parole, son ou ses récits. Souvent, la parole du patient peine à s’exprimer : Parce qu’il souffre. Parce qu’il a peur. Parce qu’il a honte. Parce qu’il est pudique et sensible. Parce qu’il est impressionné par le médecin. Parce qu’il craint d’être jugé. Parfois, parce qu’il a un secret.

Le soignant de métier connaît souvent beaucoup de choses. Il peut être tenté de penser qu’il sait mieux que le patient ce qui lui arrive

Le rôle du soignant consiste non seulement à l’écouter mais aussi à aider le patient à déterminer où il en est et ce qu’il veut faire - choses que le soignant ne peut pas savoir aussi bien que lui. La parole du patient doit être reçue et acceptée avec ses balbutiements et ses accidents, ses hésitations, ses incertitudes, ses erreurs, ses errances et ses errements, ses idées fixes et ses revirements.

La parole du patient, bien sûr, ne dit pas toujours toute la vérité. A chacun sa vérité, disait Pirandello. Et everybody lies, renchérit Greg House. Mais on ne peut pas soigner en mettant, a priori, la parole du patient en doute. Le fait que le patient omette, oublie, se trompe ou mente délibérément ne dispense pas le soignant de l’écouter et ne l’autorise jamais à suspendre son aide !!!Car l’objectif du soin est, avant tout, le mieux-être (ou le moins-mal-être) du patient. Et la mission du soignant n’est pas de contrôler la sincérité de ce que le patient dit mais de se guider sur ses dires pour vérifier qu’il lui dispense des soins appropriés !

Le patient est le capitaine de sa vie. Le soignant est un pilote qui l’aide, le cas échéant, à s’extraire des récifs sur lesquels il s’est échoué. La parole du patient guide le soignant à tout moment. Et c’est au soignant d’adapter son savoir et son savoir-faire au patient, non au patient de se plier à la pratique du soignant. Sinon, ce n’est plus du soin, mais une relation de pouvoir.

Le patient est le capitaine de sa vie. Le soignant est un pilote qui l’aide, le cas échéant, à s’extraire des récifs sur lesquels il s’est échoué

Ce que veut le patient, le plus souvent, c’est se libérer de la souffrance. Et c’est pour cela qu’il fait appel au soignant. Quand la souffrance s’est atténuée, le patient se sent plus libre, y compris de ne plus faire appel au soignant. La meilleure relation de soin, c’est celle à laquelle patient et soignant sont heureux de mettre un terme, de constater qu’elle n’a plus d’objet parce que le patient est de nouveau libre de vivre sa vie. Cela aussi, c’est la parole du patient qui le dit.

La parole du soignant est importante elle aussi : après tout, il s’agit d’une relation de partage. Les deux voix doivent se répondre, non s’opposer ; dialoguer et non s’affronter ; définir ensemble et non disputer. Le soignant n’a pas pour mission de corriger le patient ou de le faire taire, mais au contraire de l’aider à s’exprimer, dans toutes ses nuances.

Le soignant est un être humain. Quel que soit son statut, il n’a pas de supériorité morale sur les autres êtres humains. Certains soignants peuvent cependant être tentés de profiter de la situation des patients, d’abuser de leurs faiblesses, d’user de leur ascendant pour leur profit personnel, de monnayer leurs soins pour un prix exorbitant. Pour cette raison, le patient est protégé par des gardes-fous, des lois que le soignant doit respecter. Le soignant est également guidé par des règles de comportement professionnel (code de déontologie) et par des principes moraux (règles éthiques).

Les uns sont édictés par les groupements de professionnels ; les autres sont issues des réflexions des philosophes. Mais rien n’interdit d’imaginer un code d’éthique énoncé par le patient.

Moi qui suis aussi un patient (je l’ai été, je le suis, je le serai, comme tout un chacun), je vous en propose un, en forme de décalogue.

Rien n’interdit d’imaginer un code d’éthique énoncé par le patient...

Le décalogue du soin, énoncé par le patient

  1. Je suis le patient, ton égal, et je te choisis comme soignant. En échange de ma confiance, tu assumeras la responsabilité de mes soins avec loyauté. Car je n’ai pas besoin d’une relation de pouvoir, mais de soutien, d’assistance et de partage.
  2. Pour me soigner au mieux, physiquement et moralement, tu mettras en œuvre ton savoir, ton savoir-faire, ton intelligence et ton humanité ; tu prendras garde, en tout temps, à ne pas me nuire.
  3. Tu respecteras ma personne dans toutes ses dimensions, quels que soient mon âge, mon genre, mes origines, ma situation sociale ou légale, ma culture, mes valeurs, mes croyances, mes pratiques, mes préférences. Si tes valeurs sont trop éloignées des miennes pour que tu te sentes prêt à me soigner, tu m’aideras sans réserve à trouver le soignant dont j’ai besoin.
  4. Tu seras le confident et le témoin qui entend mes plaintes, mes craintes et mes espoirs sans jamais les disqualifier, les minimiser, les travestir, les museler, les divulguer sans mon accord ou les utiliser contre moi. Tu seras mon interprète et mon porte-parole, celui qui parle en mon nom mais non à ma place. Tu ne me soumettras pas à des interrogatoires inquisiteurs et tu ne me baillonneras pas.
  5. Tu partageras avec moi, sans réserve et sans brutalité, toutes les informations qui me concernent et dont j’ai besoin pour comprendre et supporter ce qui m’arrive, pour faire face ce qui m’arrivera. Tu répondras patiemment et sans restriction à toutes mes questions ; tu ne me cantonneras pas au silence, tu ne me laisseras pas dans l’ignorance.
  6. Tu m’aideras à prendre les décisions qui me concernent, en m’informant et en me guidant au mieux. Tu n’entraveras jamais ma liberté par la menace, le chantage, le mensonge, le mépris, la manipulation, le reproche, la culpabilisation, la honte, la séduction. Tu ne me tromperas ni sur tes compétences ni sur tes limites. Tu ne m’abuseras pas et tu n’abuseras pas de moi.
  7. Tu m’assisteras non seulement face à la maladie, mais aussi face à tous ceux qui pourraient profiter de mon état – tout particulièrement s’il s’agit d’autres professionnels de santé. Tu ne seras ni leur complice, ni leur serviteur. Et tu refuseras que quiconque – moi y compris - t’achète ou t’utilise.
  8. Tu m’aideras à lutter contre les injustices qui m’empêchent de recevoir des soins, tu respecteras et feras respecter les lois qui me protègent. Tu te tiendras à jour des connaissances scientifiques et des savoir-faire libérateurs ; tu lutteras contre les obscurantismes.
  9. Tu respecteras tous les autres soignants, quelle que soit leur statut, leur formation, leur mode d’exercice et tu oeuvreras de concert avec eux. Car j’ai besoin de soignants qui travaillent ensemble, et non de professionnels aliénés par la hiérarchie ou les luttes de pouvoir.
  10. Tu te soigneras et tu soigneras les tiens avec le même engagement et la même loyauté qu’à mon égard. Car si je ne veux pas d’un soignant qui m’exploite, je ne veux pas non plus d’un soignant qui se sacrifie. J’ai besoin d’un soignant que soigner gratifie.

Martin WincklerMartin WINCKLER Médecin, romancier, essayiste, blogueur...

Ce texte a été publié sur le site internet de l'auteur le 27 mai 2014

 

samedi, 08 mars 2014

Nutrition et souffrance psychique

Article sur la nutrition pour faire suite au groupe de parole du 26/4/2014.Comment bien nourrir le cerveau d’une personne en souffrance psychique ?

Retour sur la demi-journée d’automne le 7 nov. 2013 à Loos

A l’époque où l’on s’intéresse aux effets de l’alimentation sur la santé, la clinique Lautréamont propose une approche sensible de la nutrition pour des jeunes patients en souffrance psychique.

A l’époque où l’on s’intéresse aux effets de l’alimentation sur la santé, la clinique Lautréamont à Loos-lez-Lille propose une approche sensible de la nutrition pour des jeunes patients en souffrance psychique.

Cette rencontre organisée par la Fédération régionale de recherche en santé mentale Nord – Pas-de-Calais , le 7 novembre 2013, fut l’occasion de comprendre les mécanismes, effets et apports de l’alimentation sur le fonctionnement du cerveau. Mais de quel cerveau parle-t-on ? Car, en définitive, notre corps serait "constitué" de 3 cerveaux :

  • celui de la tête
  • celui du cœur
  • celui de l’intestin

Etrange conception qui prend sens lorsqu’on s’intéresse aux interactions entre ces organes. On retrouve, en effet, 200 millions de neurones dans les intestins. Ces cellules nerveuses semblent indiquer que l’intestin envoie en permanence des données au cerveau (via le sang mais aussi le nerf vague). Et on retrouve ce même lien bijectif entre le cerveau et le cœur (la cohérence cardiaque). Dès lors, pourquoi s’étonner de l’interaction entre la microbiote (ou flore intestinale) et le cerveau ?

Cet état élargit le champ du possible : une modification de la flore intestinale aurait-elle des effets sur l’état neurobiologique de la personne ? D’ores et déjà, des études sont en cours sur le syndrome de l’intestin irritable et dans le traitement de la dépression [1] et des voies de recherche sont ouvertes pour la maladie d’Alzheimer, de Parkinson [2] et même la schizophrénie.

On peut s’interroger également sur le rôle joué par les neurotransmetteurs. Sérotonine, triptophane, L-Tyronise... Les associer à des traitements médicamenteux permettrait de renforcer les effets sur des pathologies comme la dépression [3] [4] [5] (dépression saisonnière, syndrome prémenstruel, dépression dopamino-dépendante...).

De même, le lien linéaire entre la consommation de poisson et la dépression est probant : après 35 jours de prise d’Oméga 3, une personne en état dépressif éprouve une amélioration de son élan vital ainsi qu’une baisse de l’agressivité et de l’anxiété [6].

Nul doute maintenant qu’il convient de bannir la junk food au profit d’une alimentation riche en Oméga 3 et en anti-oxydants. De ces recherches découle un programme éducatif dont bénéficient les jeunes patients pris en charge au sein de la clinique Lautréamont. « A l’hôpital, on peut BIEN manger ! » rappelle le Dr Frédéric Kochman, pédopsychiatre coordinateur de la clinique. De fait, les jeunes patients hospitalisés en raison d’un trouble psychique sont sensibilisés au cours de groupes d’éducation thérapeutique à l’importance et l’impact de l’alimentation sur notre cerveau. Il précise que « des données étonnantes sont alors échangées entre notre équipe soignante et les patients. Par exemple, saviez-vous que 25% des calories ingérées par jour sont à destination unique de notre cerveau, qui ne représente pourtant que 2% du poids du corps ? Saviez-vous que la carapace ou plus exactement la membrane de nos 100 milliards de cellules nerveuses est constituée principalement de phospholipides c’est à dire de gras ? C’est pourquoi le choix de bonnes substances grasses (en l’occurrence les acide gras Oméga 3, provenant avant tout de la mer) peuvent avoir un impact notoire sur notre fonctionnement cérébral et donc contribuent à guérir d’un stress chronique tel que la dépression ». En pratique, à chaque repas, des fiches détaillées consacrées à différentes familles alimentaires (les choux, les carottes, les tomates, l’ail, les poissons, etc.) sont mises à disposition sur les tables. Les jeunes patients les lisent, s’approprient leur contenu, et en reparlent très souvent au cours des entretiens avec les soignants de notre clinique. « Au total, cette implication mixte soignants-soignés sous la forme d’une démarche motivationnelle pour une alimentation saine représente une avancée majeure dans une démarche raisonnée et holistique des soins pour nos jeunes patients » ajoute le Dr Frédéric Kochman.

En résumé, se soucier de la qualité de l’alimentation d’une personne c’est, indirectement, agir sur sa santé psychique. Des passerelles entre la gastro-entérologie, la nutrition et la psychiatrie semblent dès lors devoir se mettre en place.

vendredi, 07 mars 2014

Pour aider les jeunes en souffrance

La Voix du Nord

 

Des professionnels de la santé mentale volent au secours des ados en souffrance

PUBLIÉ LE 20/09/2013

Par ADELINE BOLDODUCK - Photo HUBERT VAN MAELE

Sans le savoir, ils ont été les premiers en France. Aujourd’hui, le concept d’équipe mobile existe dans une dizaine de villes. Des professionnels de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) se déplacent dans vingt-trois communes de la métropole pour aider des adolescents en difficulté.


Les adolescents sont d’abord reçus seuls. Les parents sont ensuite conviés à la discussion.
 

Un jeune homme qu’on appellera Sylvain est admis au service pédiatrique de l’hôpital d’Armentières. La douleur qu’il subit ne se voit pas, contrairement aux autres patients du service. Sa mère l’a amené aux urgences pour le protéger de ses idées noires. Deux professionnels de la santé mentale se rendent sur place, pour l’écouter et l’aider. Des structures existent pour aider les adolescents en difficulté, certains parents ont aussi recours à des services privés, comme des psychiatres ou psychologues libéraux. Des rendez-vous, entièrement gratuits, peuvent aussi avoir lieu dans des centres de santé mentale (CSM), comme à Halluin, Tourcoing ou Armentières. Mais les demandes sont nombreuses et les délais d’attente souvent longs.

Il y a dix ans, une nouvelle forme de prise en charge a été mise sur pied au sein du service du Dr Garcin, de l’EPSM : les équipes mobiles. Par groupe de deux, les professionnels (psychiatres, psychologues, infirmiers, assistantes sociales…) se rendent là où se trouve l’adolescent, dans un délai de 24 heures. Ces rendez-vous « d’urgence » peuvent se faire à l’hôpital, dans les foyers, dans les CSM… « On n’est pas mobiles pour être mobiles, on l’est pour être disponibles », détaille Vincent Garcin. Sylvain, par exemple, a reçu à l’hôpital la visite de deux binômes, à 48 heures d’intervalle. Les entretiens, qui se font en deux temps, permettent aux jeunes de s’exprimer, dans le secret d’un bureau fermé. Les parents sont ensuite conviés à la discussion.

Donner des clés pour gérer les angoisses

Rosalie et Michaël, deux infirmiers du service, ont reçu un élève de 3e. Ce jeune homme, que l’on appellera Maxime, a déjà fait deux tentatives de suicide. Et cet été, il a fugué. Difficile de penser que Maxime est en souffrance. Il a le visage ouvert, le sourire aux lèvres. Il a des amis, une petite copine. Il n’aime pas l’école. Rien d’extraordinaire. Les deux infirmiers creusent, le font parler. Une légère dyslexie, un père qu’il préfère oublier, un conflit avec son beau-père. Autant de problématiques dont il n’arrive pas à parler. Et qui s’expriment par des passages à l’acte. Sylvain, qui vit aussi une situation complexe, résume parfaitement les choses : « Une goutte d’eau peut faire déborder le vase, mais mon vase à moi il est tout petit. »

L’objectif des équipes mobiles est de donner à ces jeunes garçons et ces jeunes filles des clés pour gérer leurs angoisses. Et pour tenter d’alléger un peu le sac de leur souffrance, elles leur proposent un parcours de soins. Des rendez-vous réguliers avec des professionnels ou la participation à des ateliers collectifs, pour se libérer à travers l’art ou l’écriture. « Chez l’adulte, la pathologie est souvent installée, mais en pédopsychiatrie, on peut encore faire bouger les choses », table, optimiste, Rosalie, qui remarque aussi que «tout ce qui s’est passé à l’enfance revient à l’adolescence, c’est presque mathématique ». Appeler à l’aide le plus tôt possible peut atténuer les problématiques à venir. Les équipes mobiles s’occupent d’ailleurs des enfants dès leur naissance.

Une souffrance sans barrière sociale

« La performance à l’école, la fragilité des représentations familialesou encore la question de la place de l’adolescent dans notre société », autant d’items récurrents que pointe Vincent Garcin, le chef du secteur de psychiatrie infanto-juvénile de l’Établissement public de santé mentale. Les vingt-trois communes de la métropole couvertes par le service représentent 270 000 habitants, dont 27 % de mineurs. « C’est une population très jeune» avec, donc, une proportion de jeunes en souffrance plus importante que dans d’autres territoires français. Dans certaines communes, le nombre de jeunes suivis est forcément plus important. Les demandes ne sont pas les mêmes à Tourcoing ou Mouvaux, par exemple. En revanche, quel que soit le bassin de population, les problématiques rencontrées sont similaires. En clair, l’aisance sociale des parents ne garantit pas la santé mentale des adolescents.

Divorce, mésentente avec les beaux-parents, maltraitance, les professionnels de l’EPSM sont confrontés à toutes sortes de situations. Certains cas nécessitent une intervention d’urgence, comme lors de tentatives de suicide. C’est le rôle des équipes mobiles. La plupart du temps, les jeunes sont reçus lors de rendez-vous dans un centre de santé mentale (CSM). Rosalie, infirmière, s’étonne de la pression croissante mise sur les enfants. « On ne leur laisse pas le temps de grandir. » « Les mamans se sentent vite coupables », complète l’infirmière, et l’Éducation nationale renvoie de plus en plus vers les CSM. Conclusion, « ces situations viennent embouteiller les services, ce n’est pas véritablement du travail de psy ». Un engorgement qui pourrait devenir comparable à celui que connaissent les urgences générales.

 

Bravo pour cette initiative

Denise

 

jeudi, 06 mars 2014

ATELIERS MIEUX ETRE

atelier mieux etre022.jpg

Plus de détails:

Cliquez sur le lien: atelier mieux etre.pdf

PLANNING:

Cliquez sur le lien: atelier mieux etre023.pdf

mercredi, 05 mars 2014

CONFERENCE de M. le Docteur Christian GAY, Psychiatre, spécialiste de la Psychoéducation

 

Cher(e) Adhérent(e), Cher(e) Ami(e), 

Nous avons l’honneur de vous inviter à assister et participer à la conférence de

M. Le Docteur GAY, psychiatre spécialiste des troubles

bipolaires à Garches, que nous organisons

le mercredi 14 mai 2014,de 18h30 à 20h30,

à la Maison des Associations,

72/74 rue Royale à Lille.

Le thème de cette conférence sera :

" La PSYCHO EDUCATION "

Entrée libre et gratuite

 

 

Ce que sont les Pairs-aidants


Le « pair-aidant », l’espoir du rétablissement

Le concept de « pair-aidant » considère que les personnes qui ont vécu et surmonté un problème de santé mentale peuvent apporter une expertise spécifique pour soutenir leurs pairs dans leur rétablissement. Un accompagnement original qui impulse une dynamique nouvelle et recadre la rechute dans un processus d’évolution positif plus global.

Qui d’entre nous ne s’est jamais senti démuni face à une personne hospitalisée pour la nième fois dans son service, pour le même motif ? Qui n’a jamais été confronté aux limites de son intervention professionnelle face à une personne en rupture ou en refus de soins ? En France, depuis l’émergence des Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) en France, de nombreuses équipes perçoivent aujourd’hui l’apport inestimable que peut représenter l’entraide par les pairs dans ce type d’impasse. Le principe des « pairs-aidants », tel que nous allons le présenter ici, est de permettre à des usagers ayant suffisamment de recul par rapport à la maladie, d’intégrer une équipe de soins pour mettre à profit cette expertise issue de leur expérience. Nous tenterons donc dans un premier temps de retracer les origines de ce concept novateur et d’en définir les contours puis, nous ferons un point sur les expériences existantes. Pour finir, nous discuterons des avantages et des inconvénients de ce type de programme pour tenter d’en définir les critères de réussite.

Citation :
« Si on devait acheter mes expériences de vie au prix qu’elle m’ont coûté, personne ne pourrait se les payer ! » Nathalie Lagueux, « pair-aidante » certifiée, Québec


Comment cela a-t-il commencé ?

Le concept de « pairs-aidants » (Peer Support Worker) n’est pas nouveau. Il a émergé progressivement depuis les années quatre-vingt aux États-Unis sous l’impulsion des mouvements d’usagers. Des services de soins ont alors recruté des personnes dites « en rétablissement » dans leurs équipes, considérant que celles qui ont vécu un problème et réussi à le surmonter sont très efficaces pour aider les autres à faire la même chose. En 1978, Judi Chamberlin qui se définit comme « usager/survivant » de la psychiatrie lance un appel à ses pairs dans un ouvrage ayant pour titre « On Your Own » (1) pour qu’ils se rassemblent et parlent d’une seule voix. Elle revendique également des systèmes d’accompagnement plus proche des besoins des usagers et la reconnaissance de l’apport de l’entraide mutuelle. Cette philosophie défend donc une réappropriation du pouvoir par les usagers pour sortir des clichés dans lesquels ils se sentent enfermés dans une logique de dépendance, d’invalidité ou de chronicité. L’espoir est au centre de cette dynamique qui ne met volontairement pas l’accent sur les symptômes mais sur la possibilité de retrouver un sens à sa vie, malgré la maladie.
Un important réseau de santé communautaire s’organise alors en marge des systèmes de soin, géré « par et pour » les usagers.

• Le programme Denver (Colorado 1986/1988) (12)
Une première expérience pilote d’embauche de « pair-aidant » voit le jour en 1986 et en 1988 dans le cadre du programme Denver. Une équipe assurant le suivi en extra-hospitalier, forme et intègre quinze usagers comme intervenants, en tant qu’auxiliaires. Si toute l’énergie est concentrée sur leur formation, leur intégration est mal préparée et donc mal vécue par les usagers qui décrivent :
- une absence de description des taches ;
- une ignorance des soignants de leur formation ;
- une grande confusion des rôles avec une mise à l’écart ;
- une interprétation des réactions des usagers à partir du seul point de vue « diagnostic » ;
- le sentiment de constituer une source de main-d’œuvre bon marché.
Si cette première expérience met en évidence la nécessité de former les équipes préalablement à ce type de pratique, l’intérêt de cette nouvelle approche est nettement mis en évidence par les usagers ayant pu en bénéficier.
À partir de ce constat, l’Association Nationale des Directeurs de Programmes d’États pour la Santé Mentale (National Association of State Mental Health Program Director) reconnaît officiellement, en 1989, la contribution unique des usagers pour l’amélioration des services et accepte pour la première fois de financer des programmes d’embauche d’usagers en tant que travailleurs « pairs-aidants ». En 1990, dans « Nothing about us without us » (Rien à propos de nous sans nous) (2), un article qui fera date, Judi Chamberlain réclame que les usagers soient systématiquement impliqués à tous les niveaux dans les décisions qui les concernent.

• Le projet Wins (Michigan 1991/1993)
En 1991, une équipe du Michigan forme et embauche une vingtaine d’usagers, notamment pour l’accompagnement vers l’emploi. Ils ont pour mission de faire le lien entre les différents organismes. Ils se situent comme des « amis conseillers » (conselor-friend) et accompagnent les usagers dans différentes démarches. Les interviews de ces « pairs-aidants » soulignent une nette amélioration de l’estime d’eux-mêmes et une grande satisfaction d’avoir pu faire fructifier leur expérience d’usagers. Cependant, les critiques principales émanent du fait que ne bénéficiant que d’un statut et d’un salaire inférieur aux autres professionnels, les « pairs-aidants » se sentent « rabaissés » et parfois « dénigrés » par les professionnels, surtout les plus anciens. Ce projet permet de mettre en évidence la nécessité de proposer aux « pairs-aidants » un statut et un salaire correspondant à leur niveau réel de compétence.

• Le projet Share (Pennsylvannie 1995)
En 1995 les docteurs Salomon et Draine (3) décident d’engager une recherche scientifique rigoureuse qui vise à comparer le suivi de patients réalisé par deux équipes de quatre personnes, l’une composée exclusivement d’usagers, l’autre de professionnels, sur une durée de deux ans.
Les usagers embauchés doivent répondre à 3 critères :
- avoir reçu un diagnostic défini dans le DSM III (4) ;
- avoir été hospitalisé au moins quatorze jours ou être passé par les urgences psychiatriques au moins cinq fois sur une période d’un an ;
- bénéficier d’un suivi par une équipe de santé mentale différente de celle où ils travaillent.
Au bout de deux ans, l’étude révèle qu’il n’y a pas de différences significatives entre l’évolution des personnes suivies par les deux équipes. Il n’a pas été retrouvé notamment plus de signe de stress ou de détresse psychologique chez les « pairs-aidants ». Cependant, les auteurs constatent chez eux :
- une habileté remarquable pour aider les personnes à adhérer à leur traitement ;
- plus de contact direct avec les usagers, notamment à domicile ;
- une aide conséquente dans la restauration d’une estime de soi ;
- une diminution de la stigmatisation au sein des équipes.
Solomon et Draine concluent que les usagers peuvent être traités comme des partenaires égaux et être embauchés en tant qu’intervenants à part entière.
Des projets se sont alors développés dans différents états des États-Unis et du Canada. En l’an 2000, 30 % des équipes de suivi communautaire de l’Ontario comprenaient au moins un « pair-aidant ». Depuis 2002, les programmes PACT (Program of Assertive Community Treatment) de suivi ambulatoire prévoient la présence d’au moins un pair-aidant par équipe.


De quoi s’agit-il précisément ?

Il existe plusieurs modèles de pair-aidant ; lorsque le pair-aidant n’est pas salarié, le terme de pair-aidant bénévole pourra être utilisé. C’est le cas du programme A.P.P.E.L. (Accompagnement Par les Pairs, l’Entraide et le Loisir) mis en place par le groupe d’entraide Cafgraft à Laval ou de l’association hollandaise Vriendendienst, (‘’le service d’amis’’) (15) Le plus souvent ces volontaires sont encadrés et supervisés par des animateurs formés.
Nous avons choisi d’approfondir dans cette article le principe des pairs-aidants, encore appelé travailleur ou intervenant pair-aidant, qui sont salariés dans les équipes de soin.
Nous retiendrons donc la définition proposée par le programme Pairs-Aidants Réseau : « Le pair-aidant, fait référence à un membre du personnel vivant, ou ayant vécu, un trouble de santé mentale. A partir de son expérience de la maladie et de sa compréhension de son propre processus de rétablissement, il aide ses pairs à surmonter les obstacles et à identifier ce qui les aide à se rétablir » (4)
C’est de ce type de montage que nous débattrons plus spécifiquement dans cet article, étant bien conscient que chacune de ces différentes modalités pratiques ait ses intérêts propres.


Le Professeur Paul Morin, de l’Université de Sherbrook distingue les pairs-aidants communautaires qui sont salariés par une association indépendante et les pairs-aidants institutionnels qui sont intégrés dans une équipe soignante du service publique. C’est de ce type de montage que nous débattrons plus spécifiquement dans cet article, étant bien conscient que chacune de ces différentes modalités pratiques ait ses intérêts propres.
À Colchester, en Angleterre, par exemple, le programme StaR (Support with Time and Recovery) vise à embaucher dans une équipe de suivi ambulatoire des personnes bénéficiant d’une allocation à cause de leur handicap psychique.
De façon générale, le « pair-aidant » à pour rôle de :
- redonner espoir aux personnes utilisatrices des soins en santé mentale puisqu’il a lui-même affronté et franchi les obstacles liés à la maladie mentale et qu’il a développé des stratégies facilitant le processus de rétablissement ;
- soutenir et responsabiliser la personne utilisatrice dans la reprise du pouvoir sur sa vie (notion d’empowerment) en l’aidant à mobiliser ses ressources de résilience ;
- apporter son expertise pour encourager le développement d’une culture d’équipe dans laquelle le point de vue et les préférences de chaque usager sont reconnus, compris, respectés et intégrés dans les projets de vie (6).
Le paradigme sur lequel s’appuie le « pair-aidant » est donc le rétablissement (recovery). Il n’y a pas une définition du rétablissement car chaque usager peut avoir la sienne. Ce processus décrit par l’Américaine Patricia Deegan (7), docteur en psychologie clinique et usagère, est fondé sur la croyance profonde que le rétablissement est toujours possible, quelle que soit la gravité des troubles. Pour elle, l’espoir est ni plus ni moins la clé du rétablissement. En 1996, elle écrit : « Le but du rétablissement n’est pas l’absence de symptôme ou le fait de devenir “normal”, c’est une façon de vivre, une attitude et une façon de relever les défis de la vie de tous les jours. Ce n’est pas un processus linéaire mais une trajectoire qui comprend des reculs et des avancées ». Selon le Georgia Certified Peer Support Project (8) le rétablissement est un processus de reprise de contrôle sur sa vie et de la direction que l’on veut lui donner et ce, au-delà du diagnostic psychiatrique et des pertes qui lui sont généralement associées. Au retour d’un voyage au Canada, en collaboration avec deux usagers (Mr Ethuin et Mme Thibaut, tous deux présidents de GEM), nous avons élaboré la définition suivante : « Le rétablissement est la reconquête des territoires perdus à la suite d’un problème de santé mentale et la découverte de ressources souvent insoupçonnées, ouvrant de nouveaux horizons » (9).


De quoi ne s’agit-il pas ?

Le « pair aidant » n’a, en aucun cas, pour fonction de se substituer aux services de santé mentale existants mais d’offrir une alternative spécifique et complémentaire aux interventions des soignants. Il s’engage à respecter le code éthique des « pairs-aidants » qui délimite les grands principes de leurs interventions, comme celui de la confidentialité absolue ou de l’interdiction de développer des relations intimes avec les bénéficiaires. Le « pair-aidant » n’aura pas non plus pour mission de représenter les usagers dans les institutions. L’intervention d’un travailleur « pair-aidant » est à aussi différencier de l’entraide mutuelle qui se fait bénévolement dans les GEM, car, et c’est ce qui peut parfois nous heurter culturellement, nous sommes ici bien dans le cadre d’un travail rémunéré.


Pour qui ?

Il n’existe pas de diplôme spécifique, ni de profil type pour devenir « pair aidant ». Ce type de fonction s’adresse à toutes personnes ayant vécu un parcours de soins en santé mentale et validé une formation spécifique. Il faut considérer que la plus grande majorité des personnes en rétablissement ne sont plus suivies par les services de soins. C’est pourquoi les offres de « pair-aidant » peuvent passer par les circuits classiques de recherche d’emploi, type Agence Nationale pour l’Emploi. Les qualités recherchées chez le futur « pair-aidant » seront la capacité à connaître et à reconnaître sa maladie, être capable d’analyser les facteurs qui ont favorisé son propre rétablissement ainsi que sa faculté à s’intégrer dans une équipe. La formation sera l’occasion pour le futur « pair-aidant » d’avoir une vision introspective sur son propre parcours de rétablissement pour en identifier les forces qui pourront être ensuite mises au service d’autrui. (6)


Intérêts et limites

• Les intérêts
Voici quelques résultats d’études répertoriées dans la littérature qui décrivent les nombreux bénéfices liés à l’embauche de « pairs-aidants ».
- Pour les bénéficiaires : la présence de soutien par les pairs produit des impacts positifs significatifs en terme de qualité de vie, de réduction des symptômes, de nombre de crises et de diminution des journées d’hospitalisation (10).
- Pour les « pairs-aidants » : le fait d’être embauché en tant que tel augmente l’estime de soi et le sentiment de reprise de contrôle sur sa vie (8). Selon Marie-Christine Thibaut (11), « les pairs-aidants représentent un bonne alternative pour rebondir professionnellement pour des personnes ne pouvant plus exercer leur ancienne profession ».
- Pour les équipes de soin et l’entourage : Daniel Gélinas, travailleur social à Montréal, note que les expériences d’intégration de « pairs-aidants » provoquent une évolution inévitable de la culture professionnelle du personnel soignants (12). Une amélioration de travail en partenariat est également actuellement remarquée au Québec du fait de l’effet « passerelle » que créent les « pairs-aidants » entre les milieux de soin et les lieux d’intégration dans la cité.

. Les limites
-Recrudescence des symptômes chez le « pair-aidant » : les études convergent pour dire que le fait d’être embauché en tant que « pair-aidant » peut dans un premier temps, réactiver certains symptômes, notamment anxieux, chez la personne du fait d’être confronté à de nouvelles responsabilités professionnelles. Cependant, une amélioration globale de la qualité de vie a été constatée à plus long terme. Le « pair-aidant » devra en cas de difficulté trop importante, se tourner vers son réseau de soutien et de soin propre et non vers ses collègues de travail. Il est cependant bien établi que le « pair-aidant » à droit, comme tout un chacun, d’exprimer de la colère, de la tristesse et du stress sans que cela soit mis sur le compte de ses troubles psychiques (10).
- Stigmatisation : une des barrières les plus significative relatée dans de nombreuses études est la stigmatisation que peuvent vivre les « pairs-aidants » au sein même des équipes de soin. Cela s’exprime par un manque d’estime ou une sous-estimation de leurs compétences. Il semble toutefois que ceci s’estompe au fur et à mesure que le « pair-aidant » prend sa place dans l’équipe.
- Confusion des rôles : Selon le programme Share, il n’est pas souhaitable que le « pair-aidant » travaille au sein le milieu de soin où il a été lui-même suivi pour éviter la confusion des rôles. Cependant, le « pair-aidant » ayant une double casquette - à la fois usager et intervenant - a un grand risque pour lui-même ou ses partenaires d’avoir des difficultés à bien cerner son statut dans l’équipe. Par ailleurs, les usagers pourrait avoir une réaction de « rejet » par rapport « pair-aidant » qui serait passé « de l’autre coté de la barrière ».
- Du fait de son vécu le « pair-aidant » peut avoir l’impression que, son intervention est forcément meilleure que celle des autres professionnels, ce qui est faux. Avoir l’humilité de reconnaître la compétence des soignants et s’inscrire dans la complémentarité et non dans la compétition sera une qualité recherchée chez le pair-aidant pour éviter de tomber dans le « Syndrome du sauveur ». 


Et aujourd’hui ?

Aux États-Unis, les états les plus avancés dans la mise en place de ces programmes de « pairs-aidants » sont la Georgie et la Caroline du Sud où le gouvernement fédéral finance des programmes. En 2008, pour le seul état de la Géorgie, 385 « pairs-aidants » ont été formés. La moitié d’entre eux travaillent dans les centres d’entraide mutuelle et l’autre sction des symptômes, de nombresprésenter e dans un processus d'tablissement. bécois pairs-Aidants résau, association québécoisemoitié au sein des équipes de suivi intensif. A travail similaire, les barèmes de rémunération sont les mêmes que pour les autres employés. Il s’agit donc d’un nouveau profil de travailleur au sein du système de soin, reconnu au même titre que les autres en fonction de sa spécificité. Des programmes d’embauche de « pairs-aidants » sont également recensés en Écosse, en Angleterre, au Danemark, en Nouvelle Zélande et en Australie.
Au Québec, le Plan d’Action en Santé Mentale 2005-2010 a fixé comme ambitieux objectif que 30 % des équipes de suivi intensif dans le milieu embauche au moins un « pair-aidant » d’ici la fin du Plan. Le premier travailleur « pair-aidant » francophone, a été employé au Québec en 2005, à l’hôpital Robert Giffard. En 2006, Nathalie Lagueux et Diane Harvey (13) ont élaboré à partir des expériences précédentes une stratégie d’intervention visant à mettre en place des programmes d’embauche de « pairs-aidants ». Ce programme P.A.R. (Pairs-Aidants Réseau) financé par le Ministère de la Santé et des Services Sociaux comprend trois étapes : la promotion, la formation des milieux d’embauche, des usagers, ainsi que leur soutien. En 2008, treize milieux d'embauche ont été préparés, vingt-six « pairs-aidants » ont été formés dont treize sont actuellement embauchés. En France, à Marseille, Herman Handlhuter, un travailleur « pair-aidant » a été salarié dans une équipe de l’association Médecins du Monde (MDM) à l’initiative du Dr Vincent Girard pour travailler avec les personnes sans domicile fixe et ayant des troubles psychiques (cf. article p. ?).


Pour ne pas conclure

Nul ne peut plaquer sur autrui son propre modèle de rétablissement, surtout lorsque face à une personne en rechute. Sur le terrain les expériences existantes montrent que la rencontre avec un pair incarnant un espoir de rétablissement à la faculté de mettre en mouvement une personne pour qu’elle mobilise ses forces afin de trace son propre chemin. Un processus d’identification, parfois d’imitation, et le plus souvent d’inspiration, va souvent spontanément faire renaître l’espoir et lui donner envie de se relever. « Alors moi aussi je peux y arriver ? ». En participant à la formation de préparation des équipes avec les Québéçois, nous avons constaté que si le développement de programmes de type « pair-aidant » se heurte, au départ, à différentes de réticences (institutionnelles et idéologiques) ; c’est bien qu’il bouscule tout notre système de croyance. Comme le dit justement Diane Harvey, « laisser une place à quelqu’un qui va forcément par son éclairage nouveau nous déstabiliser dans nos certitudes, implique inévitablement un deuil de pratique… ». En matière de déstigmatisation, comme ailleurs, n’est-on jamais mieux servi que par soi-même ?

Par :
Patrick Le Cardinal, Praticien en santé mentale EPSM Lille Métropole, Chargé de mission au Centre Collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS Lille, France)
Jean-Luc Rœlandt, Psychiatre des Hôpitaux, Chef de service EPSM Lille Métropole, Directeur du CCOMS (Lille, France)
Stéphanie Roucou, Usagère, Professeur des Ecoles spécialisées dans le handicap mental et psychique, Collaboratrice Associée au CCOMS.
Nathalie Lagueux, Travailleuse Sociale, Usagère, Coordination du programme québécois Pairs-Aidants Réseau, Association Québécoise pour la Réadaptation Psycho-sociale (AQRP).
Diane Harvey, directrice générale de l’Association Québécoise pour la Réadaptation Psycho-sociale (AQRP), gestionnaire du programme québéçois Pairs-Aidants Réseaux.




Lire aussi
Roelandt J.-L., Daumerie N., Caria A., Changer la Psychiatrie pour Déstigmatiser. Santé mentale, n° 115, février 2007 pp 16-21 ; www.santementale.fr

1-Chamberlin J., On Our Own : Patient-controlled Alternatives to the Mental Health System, Hawthorn books, Inc, New York, 1978.
2-Chamberlain J., The Ex-patients’Movement, Where we’ve been and where we’re going, the journal of mind and behaviour, 1990.
3-Solomon P, Draine J, The Efficacity of a Consumer Case Management Team : deux year out-comes of a randomized trial, journal of mental Health Administration, 1995.
4-DSM III, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, American Psychiatric Association, 1974.
5-Bolle A., Discriminations : l’alliance des usagers, des équipes et des élus contre la stigmatisation, Information Psychiatrique, Vol 83, n° 8, p695-697, octobre 2007.
6-Lagueux N., Harvey D., Charles N., Manuel du participant. Guide de référence, Embauche et Intégration de pairs-aidants dans les services de santé mentale, Programme Québéçois pairs-Aidants Réseau, Québec, 2008.
7-Patricia E. Deegan est aujourd’hui docteur en psychologie clinique aux États-Unis à l’issue d’un parcours de vie tout à fait exceptionnel et en dépit d’une maladie mentale (diagnostiquée « Schizophrène » à l’âge de 17 ans. Cf article Santé mentale, n° 106, mars 2006, dossier sur la réhabilitation psychosociale ; www.santementale.fr
8-Georgia CPS Project. Participant’s Manual, Géorgia, 2006. La mission de cette association d’usagers de Géorgie est d’entraîner, de certifier et de fournir le soutien et l'éducation aux consommateurs de services de santé mentale, et notamment des « pairs-aidants », afin de promouvoir l'autodétermination ; www.gacps.org
9-Le Cardinal P., Ethuin C., Thibaut M.-C., Quand la Conquête de la Citoyenneté Renverse le Cycle de la Stigmatisation, L’information psychiatrique, vol 83, n° 10 decembre 2007.
10-Peer support ressource manuel, 2001.
11-Fédération Nationale des Patients en Psychiatrie ; www.fnapsy.org
12-Gélinas D., Participation grandissante des usagers au sein des services de santé mentale, Le Partanaire, vol 14, n°1, 2006 ; http://www.aqrp-sm.org/publications_bulletin.html
13-Harvey D., Lagueux N., Bilan de phase I. Programme Québécois Pairs-Aidants Réseau, 2006 ; http://www.aqrp-sm.org


Encadré
Paroles d’usagers

Pour Liz Sayce, une ex-usagère londonienne, « le plus gros handicap des usagers dans leur processus de rétablissement est la manière dont la société les exclut et les stigmatise. Il existe un véritable mur social invisible entre eux et nous, si nous voulons nous en libérer, il faut le démonter pierre par pierre en montrant de quoi nous sommes capables ».
Pour Richard Langlois, auteur de l’ouvrage « Le fragile équilibre »* « les pairs-aidants ont été les plus précieux pendant ma convalescence ; ces gens qui ont un vécu dans la maladie peuvent de venir de précieux atouts. C’est par eux que je sors de mon isolement… à condition que j’y perçoive une expérience positive (…) Nos réseaux de la santé auraient grandement intérêt à utiliser l’expérience de grande valeur de ces individus, compte tenu de l’espoir qu’il représentent ».
Roy Muise, usager canadien (2), entraîné dans une grave dépression, a trouvé dans un groupe de pairs la force de remonter progressivement la pente. « Enfin quelqu’un m’a parlé d’espoir, je me suis senti respecté en tant que personne au-delà de ma maladie ». Roy Muise a suivi la formation de « pair-aidant certifié » en Géorgie aux États-Unis et travaille actuellement pour un organisme communautaire : la Self Help Connection. « Je ne considère pas cela comme un travail car je fais cela avec mon cœur, je tends la main à mes pairs en disant : “J’ai été dans la même situation que toi, aujourd’hui je suis la pour t’aider”, cela me paraît naturel car en aidant les autres, je sens que je m’aide moi-même. Je partage leurs rêves, je comprends leurs chagrins et me réjouis de leurs victoires ».
1- Langlois R. Le fragile équilibre. Témoignage et réflexions sur la maniaco-dépression et la santé mentale, Ed. Le dauphin blanc, 2004.
2- Mai 2006, XIIIe colloque de l’AQRP (Association Québeçoise pour la réadaption psychosociale), Chicoutimi au Québec.


Encadré
Recherche-Action Pair-Aidant du Centre Collaborateiru de l’OMS (Lille, France)
Depuis deux ans, le Centre Collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) mène une recherche-action sur le thème des « pairs-aidants ». La première action a été d’intégrer dans l’équipe de recherche Stéphanie Roucou (1), une usagère en tant que collaboratrice du fait son expertise liée à son expérience de la maladie psychique. Cela nous a obligés à modifier nos manières de travailler et nous a contraint à prendre en compte le vécu de l’usager dans ses moindres détails. Nous avons ensuite organisé des Journées de recherche en invitant différents experts, au niveau international, à débattre sur la question des « pairs-aidants » pour avoir une idée des différents modèles existants. La dernière étape de cette phase de sensibilisation, a été en décembre 2008, le montage d’une formation en partenariat avec la FNAPSY, le CCOMS et l’EPSM Lille Métropole par, Nathalie Lagueux et de Diane Harvey, promotrices du projet Pair Aidant Réseau. La formation a été dispensée à 25 professionnels issus de 5 secteurs de psychiatrie puis à 10 usagers.

Ces bases théoriques vont nous permettre de monter notre propre plan d’action en vue de la mise en place d’un programme « pair-aidant » au niveau de l’institution.
Une journée de sensibilisation a été également organisée le 15 décembre 2008 sur le thème, ‘’les Pairs-Aidants un nouveaux type d’intervenant en santé mentale’’ à l’intention des décideurs nationaux, en présence des différentes parties, pour solliciter leur appui politique pour développer ce type de projet en France.

1- Roucou S., La reconnaissance de l’usager en santé mentale : Création d’une formation de Pair-Aidant pour les usagers, Mémoire de Master I en science de l’Education et Formation des Adultes, Lille I CUEPP Angelier, 2007.
2- Harvey d, Lagueux N, Bilan de phase I. Programme Québécois Pairs-Aidants Réseau, 2006 : http://www.aqrp-sm.org

lundi, 03 mars 2014

CONFERENCE DEBAT LILLE 19 MARS 18H Entrée libre et gratuite

CONFERENCE DEBAT animée par le Dr DEFROMONT,Psychiatre , Chef de Pole de Santé Mentale et Denise MIGNOT, Présidente de L'Association ETOILE BIPOLAIRE

Le 19 MARS 18h MAISON DES ASSOCIATIONS

72-74 RUE ROYALE LILLE

LA SANTE MENTALE NOUS CONCERNE TOUS, MAIS COMMENT AGIR ?

Plius de détails, cliquez ci dessous:

G21-19mars-SISM2014-A4-web.pdf

G21-19mars-SISM2014-A4-web.doc

mardi, 14 janvier 2014

A NE PAS RATER Documentaire sur FRANCE 5 le 18 MAI à 20H35

DIFFUSION MARDI 18 MARS A 20.35 INÉDIT 

FRANCE 5-LE MONDE EN FACE – CAROLE GAESSLER  

 DE L’OMBRE A LA LUMIERE : 

PAROLES DE BIPOLAIRES   

 

 Ce documentaire donne la parole à des hommes et des femmes bipolaires. 

Une maladie qui concerne 600 000 personnes en France soit un citoyen 

sur cent.  

Gérard Garouste, peintre de renommé internationale, est bipolaire depuis 

près de 50 ans. Il a vécu dix longues années de dépression et plusieurs 

internements en hôpital psychiatrique.  

Nadège, coiffeuse, réveillait ses enfants en pleine nuit pour les faire 

chanter à tue tête.  

Denise, ex-ouvrière dans le textile et ancienne soudeuse, se sent bipolaire 

depuis toujours. A l’âge de 10 ans, elle a vu Jeanne d’Arc en chair et en os 

dans une église.  

Marianne, architecte décoratrice d’intérieur, a alterné d’intenses moments 

de montée sexuelle et l’envie irrépressible d’en finir avec la vie.  

Yann, photographe résidant en Chine, a été touché par la folie des 

grandeurs. Locataire d’un palais princier au cœur de Pékin, il dépensait 

compulsivement son argent en livres et en tableaux.  

Tous subissent les assauts d’une maladie, autrefois nommée psychose 

maniaco-dépressive, d’une maladie en forme de montagnes russes, avec 

ses sommets et ses abysses, ses périodes d’exaltations puissantes et ses 

phases de mélancolie profonde.  

Une maladie qui, tout en faisant de ses victimes, des décalés de la vie, les 

projette régulièrement dans une dimension de grande souffrance.  

 

Après la diffusion de ce documentaire, Carole Gaessler s’entretient avec Florian Ferreri, psychiatre spécialiste des troubles bipolaires à l'Hôpital Saint-Antoine et Philippe Charrier, Président Fondateur de Clubhouse France. Président de l'UNAFAM, Union Nationale de Familles et Amis de Personnes Malades  

 

DOCUMENTAIRE  

Format 52’  

Un film de Alain Charlot 

Sur une proposition de Sarah Lebas  

Production CAPA Avec la participation de France Télévisions  

vendredi, 10 janvier 2014

La Psychoéducation

Définition de la psychoéducation du trouble bipolaire
par Bipote

        

Bipote @ gmail.com
bipotes.leforum.eu      
  
                                        

 

 C'est quoi?



La psychoéducation, c’est l’éducation ou la formation d’une personne souffrant d’un trouble psychiatrique afin de lui donner les moyens de gérer de la façon la plus autonome possible sa maladie et les conséquences sociales de celle-ci. On peut donner trois dimensions à la psychoéducation  1  :

 Une dimension pédagogique : donner des informations sur la maladie et les traitements. 
 Une dimension psychologique : soutenir émotionnellement la personne face aux difficultés d’accepter ou de vivre avec la maladie. 
 Une dimension comportementale : donner des outils à la personne pour qu’elle adopte les comportements qui lui conviennent le mieux pour gérer ses problèmes. 

Les principales formes thérapeutiques qui apparaissent indispensables à la prise en charge des troubles bipolaires associées au traitement pharmacologique sont : 

 La Psychoéducation personnelle et familiale 

 LesThérapies Comportementales et Cognitives. TCC

 LaThérapie Interpersonnelle et des rythmes sociaux TIP

Les thérapies psychanalytiques, très fréquentes, n’ont pas apporté la preuve méthodologique de leur efficacité dans le trouble bipolaire ni dans la dépression  3  mais qu’elles présentent un intérêt dans l’amélioration de certains troubles de la personnalité et des phases dépressives qui les accompagnent.

Les mesures psycho-éducatives dépassent le seul cadre de l'information générale transmise sur la maladie et ses traitements.

Dans une définition large ceux sont tout les outils qui nous permettent de mieux comprendre, de réagir et ainsi de nous donner les moyens pour faire nos choix face à nos difficultés. Dans cette perspective, on peut parler de réhabilitation, d'insertion, peu importe, il s'agit d'avoir des repères suffisants pour gérer nous mêmes notre propre vie  1    .

 Son origine?


 
Le premier à avoir développé la psychoéducation est le Professeur R.P. Liberman de Los Angeles. Il a constaté que les personnes souffrant de psychoses avaient fréquemment des problèmes cognitifs (attention, mémoire, organisation de la pensée) qui rendaient plus difficile la transmission d’informations sur les troubles. Dans l’idée de rendre ces informations plus accessibles, il a construit une méthode spécifique, très structurée et qui s’étale sur plusieurs mois. Ce programme se base sur les méthodes comportementales dont l’Entraînement aux Habilités Sociales (E.H.S.), qui vise à apprendre les "habilités sociales" nécessaires pour vivre avec un trouble mental. Il s’agit par exemple, d’arriver à exprimer ses besoins de manière claire, de savoir demander des informations à son médecin, etc.   

Les TCC ont été développées dans les troubles bipolaires depuis plusieurs décennies. Les premières TCC ont été proposées à des patients souffrant de troubles anxieux dans les années 1950. En 1960 est apparue la TCC de la dépression ; dans les années 1980-90 ont été développés des programmes et des manuels de TCC pour les épisodes dépressifs. En 1996 paraît le Manuel de TCC pour patients bipolaires de Basco et Rush. Le programme de Lam et al .(7), référence internationale dans ce domaine, est diffusé à partir de 1999, et en 2002 paraît le guide de Newman. 

Le Docteur Christian Gay est le pionnier de la psychoéducation en France, il a permis l'existence de France Dépression, d'ARGOS 2001 et il est coordinateur de programme psychoéducatif depuis de nombreuses années. 

Peu connues et pratiquées en France les thérapies interpersonnelles (TIP) ont pourtant fait l’objet de nombreux travaux dans d’autres pays depuis leur mise au point au début des années 70. La thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux a été développée par E. Frank et al. à partir de 2000. 

 A quoi ça sert?



Les traitements psychoéducatifs favorisent l'alliance thérapeutique, tendent à améliorer les connaissances sur la maladie, l'adhérence au traitement, la capacité à faire face aux prodromes (identification dés le début) des épisodes maniaques, à réduire les risques de rechute maniaque et par un travail avec les familles. Ils améliorent la prévention  des abus de substances,  meilleure gestion de la vie sociale, professionnelle et affective, identification des facteurs déclenchants et précipitants, respect des règles d'hygiène de vie, amélioration  des relations interpersonnelles et du fonctionnement social dans les périodes intercritiques  (symptômes mineurs et symptômes résiduels). En outre le patient durant le temps de cette prise en charge est mis sur des rails et bénéficie de l'expérience du groupe.

L’approche des TCC est à la fois curative mais surtout préventive et augmente de façon significative l’engagement du patient dans la prise en charge de sa pathologie.

Les principales cibles des programmes de TCC sont :

 une connaissance de la maladie permettant au patient de mieux l’accepter au sens d'une reconnaissance et non d'une résignation.

 une définition et une maîtrise d’une sorte de système d’alarme qui permet au patient une reconnaissance précoce des symptômes qui annoncent une récidive ( identification des prodromes ). Plusieurs études ont montré que 62 % des bipolaires ne repèrent pas spontanément les signes précurseurs de la dépression et 36 % de la manie. Cela évite notamment que les rechutes soient vécues comme brutales par le patient. 

 la mise en œuvre de techniques pour essayer de les prévenir et pour mieux contrôler les symptômes.

 l’amélioration et le maintien de l’observance médicamenteuse, véritable pierre angulaire permettant la rémission de la maladie.

 une réduction des facteurs de stress psychosociaux. 

TCC et traitements psychoéducatifs partagent le même modèle de la maladie. Il est donc difficile de départager clairement l'impact de l'une ou l'autre des interventions, elles sont étroitement liées.  

L’intervention familiale (consistant essentiellement en la délivrance d’informations) réduit le nombre de rechutes et améliore la symptomatologie dépressive, notamment au sein des familles à haute expression émotionnelle   . Elle permet de réduire l’émotion exprimée et donc la fréquence des rechutes, elle améliore la symptomatologie, le fonctionnement socio-professionnel des patients et l'amélioration de la qualité de vie du sujet et de sa famille.     

La thérapie interpersonnelle et des rythmes sociaux consiste en un travail sur les rythmes biologiques et circadiens, partant du principe que « des dérèglements de l’hygiène de vie favorisent l’instabilité circadienne et précipitent les épisodes thymiques ». 

Les buts communs de tous ces programmes sont de diminuer la probabilité de rechutes et de récidives. 

mercredi, 01 janvier 2014

"Les médecins otages des labos"

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Books : "Les médecins otages des labos"

le 3 décembre 2013

Les informations dont disposent les praticiens sur les médicaments sont complètement biaisées : non seulement les firmes pharmaceutiques gardent par-devers elles les données les plus sensibles, mais les revues scientifiques sont manipulées et les labos noyautent, voire corrompent, les autorités de régulation.

La communauté médicale, esclave d’un secteur qui l’empêche de prescrire à bon escient, doit prendre le taureau par les cornes.

Ben Goldacre est l’homme d’un idéal. Et cet idéal est le suivant : toutes les données issues de l’expérimentation humaine d’un médicament devraient être disponibles gratuitement et accessibles à tous. Dont l’ensemble des éléments cliniques ayant motivé l’autorisation de mise sur le marché, et les informations issues des études menées après le lancement d’une molécule sur la population cible. Seul le plein accès à ces données peut permettre aux médecins de prescrire en toute connaissance de cause.

Site Books 

Voir aussi Revue Prescrire "Décret sur la transparence en santé : opacité inacceptable sur les contrats des soignants avec les firmes "

mardi, 12 novembre 2013

Isolement en psychiatrie suite


Bipote, administrateur du forum.

 

Trop de mesures d'isolement en psychiatrie 

Maltraitance. Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) préconise entre autres de revoir les protocoles d’isolement et de mise sous contention.

Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) publie un rapport relatif à sa visite en France du 25 novembre au 10 décembre 2010. Pour ce qui a trait à la psychiatrie, il relève un certain nombre de dysfonctionnements et, en particulier, des cas de maltraitance et de recours abusifs à l’isolement et à la contention.

La délégation du CPT a notamment visité le GH Paul-Guiraud (Ile-de-France), l’EPSM Val-de-Lys-Artois (Pas-de-Calais), et le CHS Le Vinatier (Rhône-Alpes). Elle note en préambule que les patients ont généralement parlé « en des termes élogieux de la manière dont ils étaient traités par le personnel hospitalier ». Cela étant, la délégation a recueilli quelques allégations de mauvais traitements de patients. Elle rappelle « qu’aucune forme de violence, physique ou verbale, n’est tolérable » et préconise une formation renforcée sur les situations à risque et les techniques de contrôle manuel des patients hétéro-agressifs. Le CPT souligne également que les interventions du personnel de surveillance pénitentiaire dans les zones de soins des Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour personnes détenues devraient être exceptionnelles et se dérouler de manière proportionnée.

En outre, le Comité recommande des mesures urgentes à l’égard de personnes en attente de placement en unité pour malades difficiles (UMD) et des détenus souffrant de troubles psychiatriques nécessitant une prise en charge hospitalière ; il est apparu que de tels patients sont généralement mis en chambre d’isolement, souvent sous contention, au cours de périodes prolongées, dans des services de psychiatrie générale.

Le CPT note que les pratiques relatives à l’isolement et à la contention varient considérablement d’un établissement à l’autre, voire d’un service à l’autre et recommande de veiller à ce que des protocoles pour ces mesures soient revus et donnent lieu à des consignes écrites sur les procédures à suivre. Lire également avec ce rapport la réponse du gouvernement français.

Depuis la visite du CPT, le GH Paul-Guiraud fait état de plusieurs améliorations (formation, observatoire de la violence, procédure de mise en chambre d’isolement).
  •  Rapport au gouvernement de la République française relatif à la visite effectuée en France par le CPT du 28 novembre au 10 décembre 2010. Avril 2012. Téléchargeable sur le site du CPT.

http://www.santementale.fr/actualites/trop-de-mseures-d-i...

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mardi, 12 mars 2013

Pour ceux qui jugent trop vite nos jeunes

Psycom75

Qu'est ce que le Psycom75 ?


psycom.PNGLe rôle du Psycom75
Toutes les informations pour mieux nous connaître.

Le Psycom75 aide à mieux comprendre les troubles psychiquesleurs traitements et l’organisation des soins psychiatriques.

Ses documents et ses actions de sensibilisation s’adressent à toute personne concernée par les questions de santé mentale (patients, proches, professionnels de santé, du social, du médico-social, de l’éducatif, de la justice, élus, journalistes, etc.).

Le Psycom75 travaille avec les associations d’usagers, afin de lutter contre la stigmatisation des personnes ayant des problèmes de santé mentale et de leur entourage.

 

Mythes et réalités

 

« Les enfants n’ont pas de problèmes de santé mentale. »

http://www.psycom75.org/Changer-de-regard/Mythes-et-reali...

  • En France, environ 12% des enfants et adolescents souffrent de troubles mentaux qui interfèrent avec leur développement, freinent leurs apprentissages scolaires et compromettent leur devenir par une répercussion sur la qualité de vie au quotidien.
  • Les demandes de traitement en pédopsychiatrie sont souvent tardives, alors qu’une prise en charge précoce semble essentielle pour le pronostic.
    (Source : « Dépistage et prévention chez l’enfant et l’adolescent » 2002- Inserm )

Les problèmes de santé mentale peuvent se révéler tôt dans la vie. Plus le diagnostic est précoce, plus les conséquences des maladies peuvent être maitrisées.

vendredi, 25 janvier 2013

Des infos sur la recherche

 

Jamie Near, Ph.D.
Photo

 

Chercheur, Institut Douglas

 


jamie.near@douglas.mcgill.ca
Champs d'expertise
Spectroscopie par résonance magnétique nucléaire
Profil

Jamie Near, Ph.D. développe des techniques avancées de spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (RMN) dans le but de mesurer précisément la concentration en métabolites dans le cerveau humain. Son laboratoire mène entre autres les activités suivantes :

  • Programmation des séquences d'acquisition en résonance magnétique
  • Traitement et analyse des données
  • Développement d’antennes de radiofréquence
  • Simulation d'expériences de spectroscopie RMN

Jamie Near travaille en étroite collaboration avec des cliniciens et des chercheurs pour étudier les bases neurochimiques de différents troubles mentaux au moyen de la spectroscopie RMN.

Coordonnées
Institut Douglas
Pavillon Centre d'imagerie cérébrale
Bureau GH-2113
6875, boulevard LaSalle
Montréal (Québec)
H4H 1R3
Téléphone :
514 761-6131
Poste: 4759

Télécopieur :
514 888-4487 

mardi, 20 novembre 2012

Et toujours de la très bonne lecture

 

On le sait, les Français détiennent le record mondial de la consommation de médicaments psychotropes. Mais les prescriptions sont-elles justifiées, adaptées, fiables ? Pour la 1ère fois, ce livre présente au grand public une série d’ordonnances soumises à la critique d’experts. Leur verdict est sans appel : les médecins connaissent très mal les médicaments qu’ils manient, empilant des molécules - jusqu’à 42 gélules par jour pour une personne de 78 ans – à l’origine de nombreux effets secondaires, voire mortelles pour leurs patients.

Nul doute que dans certains cas, les médicaments psychotropes sont utiles et peuvent même sauver des vies. Hélas, ils sont bien souvent prescrits en dehors d’une réelle pathologie ou sur la base d’un diagnostic qui n’est pas fiable. Pourtant, comme les drogues, ces médicaments chamboulent la chimie de nos neurones. Quel impact en termes de santé publique ?

Guy Hugnet a mené l’enquête et exploré le lien entre ces médicaments et les modifications du comportement (confusion mentale, désinhibition, dépersonnalisation...), altérations du cerveau (troubles de mémoire, Alzheimer...), malformations du foetus, accidents de toutes sortes (chutes des personnes âgées notamment) et jusqu’aux actes de violence (homicides, suicides, infanticides...) qui font souvent la une des médias. Un travail minutieux complété et étayé par des interviews d’avocats, médecins, témoins, familles, procureurs, toxicologues,...

 Au terme de deux années d'investigation, l’auteur dresse un panorama des dégâts que peuvent causer les médicaments psychotropes consommés par des millions de Français, des plus jeunes en passant par les femmes enceintes jusqu’aux vieillards. Au-delà, l’auteur passe en revue les méthodes qui marchent - scientifiquement validées - pour s’en passer, proposant ainsi une nouvelle écologie du cerveau.

Journaliste indépendant spécialisé dans les enquêtes scientifiques, Guy Hugnet a publié plusieurs livres sur les médicaments psychotropes - dont Antidépresseurs la grande intoxication (Le cherche-midi, 2004), ainsi que de nombreux articles dans le mensuelSciences et Avenir (dont le dossier « Ces médicaments qui favorisent l’Alzheimer » – octobre 2011). Il collabore également à des documentaires pour la télévision.

lundi, 19 novembre 2012

Un très bon livre écrit par une bipolaire

Suite' à ma visite d'hier au salon du livre Du Touquet ou j'ai pu discuter avec Manon (entre bipos on se comprend lol) Je vous remonte la présentation de son livre

Exellente lecture à tous

 Denise

 

bipolarité,livre,témoignages

Moi, Manon, bipolaire
de l’enfer à mon chemin de liberté

Intensité du récit - Témoignage d’espérance

Manon souffre de maniaco-dépression autrement dit de bipolarité. Les  troubles bipolaires sont une pathologie de l'humeur. Elle oscille  entre des périodes d’excitation marquée (manie) et des épisodes  
dépressifs sévères (mélancolie).


Ainsi, Manon nous relate son enfance difficile, les maltraitances de  sa sœur et l’absence de protection de ses parents, l’influence  négative qu’a eue son arrière-grand-père sur la conduite de sa vie,  
son mariage effrayant, son expérience rocambolesque au sein d’un éco- village et sa lutte
au quotidien contre les sérieux troubles bipolaires dont elle est  atteinte.


Cette jeune femme nous dévoile comment, grâce à ses propres «  thérapies alternatives atypiques », elle a combattu les effroyables  Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), les Troubles Obsessionnels  
Compulsifs (TOC) et la kleptomanie, et comment elle a stabilisé sans  aucun recours médicamenteux les troubles bipolaires qui l’affectent.

En se reconstruisant, elle fait l’expérience de Dieu qui la sauve et  
qui la guérit. Depuis Manon poursuit inlassablement sa quête  
spirituelle.

Ingénieur agronome de formation, puis consultante en ressources  
humaines, Manon enseigne aujourd’hui la danse. "Moi, Manon, bipolaire"  
est son premier ouvrage.

ISBN : 978-2-7067-0872-5 - 193 p. – 27 février 2012 – 19, 90 €
Éditions Salvator 103, rue Notre-Dame-des-Champs F-75006 Paris
TEL 01 53 10 38 38 www.editions-salvator.com

Contact presse Thomine Josseaume
TEL 01 53 10 38 32 ; e-mail : tjosseaume@editions-salvator.com

 

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lundi, 22 octobre 2012

Encore un très bon livre

40, SAINTE ELODIE

PUBLIÉ LE 21/10/2012 17:39 - MODIFIÉ LE 22/10/2012 À 19:17

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Livre : un psychiatre toulousain explique la maladie bipolaire

 

Raphaël Giachetti qui vit et exerce à Toulouse, est un des grands spécialistes français de la maladie bipolaire. Il publie "La maladie bipolaire expliquée aux souffrants et aux proches" pour expliquer cette maladie qui touche de près ou de loin dix millions de personnes en France

Livre : un psychiatre toulousain explique la maladie bipolaire - Tous droits réservés. Copie interdite.
Livre : un psychiatre toulousain explique la maladie bipolaire () 

Livre : un psychiatre toulousain explique la maladie bipolaire

« J’ai eu parfois l’impression que mon trouble avait été spécialement conçu par la Providence pour illustrer les concepts chrétiens de Paradis et d’Enfer.» Cette phrase de John Custance, citée par Raphaël Giachetti dans son livre exprime à merveille et en très peu de mots la complexité et le tragique d’une maladie souvent mal connue.

Autrefois appelée psychose maniaco-dépressive

La maladie bipolaire se caractérise par une alternance de crises dépressives et de crises maniaques en général entrecoupée de phases d’accalmie. Nous connaissons tous des variations de l’humeur. Notre moral varie en fonction des situations que nous rencontrons mais aussi parfois sans explication particulière. Ces sautes d’humeur, c’est un point que nous avons tous en commun avec les malades atteints de troubles bipolaires. Mais cela s’arrête là, car pour ces personnes les variations sont d’ampleurs phénoménales et la réalité n’a aucune prise sur elles. On parle d’alternance entre phase de dépression et d’exaltation et la souffrance qui accompagne ces changements est extrême. Chaque période peut durer plusieurs mois. Ces extrêmes variations ont des conséquences désastreuses sur la vie des malades, leur travail, leurs relations et leurs familles. Partant du principe qu’un danger bien identifié permet d’agir rapidement, de trouver les comportements adaptés et d’éviter les situations les plus pénibles Raphaël Giachetti a décidé d’écrire ce livre, facile d’accès pour expliquer la maladie et dissiper le brouillard qui l’entoure.

Un dialogue vif et plein d'humour

Ecrit dans un style fluide et vivant sous la forme d’un dialogue entre un psychiatre, le Dr Paul et Marie, une journaliste, ce livre est conçu comme un parcours initiatique qui mènera le lecteur vers une véritable reconnaissance de la maladie et du malade. Marie, la journaliste ne ménage pas son énergie pour pousser le Dr Paul à clarifier, préciser, expliquer toujours mieux les situations, les termes scientifiques qui nous font peur. Elle le pousse dans ses retranchements et l’accule parfois à reconnaître les limites de la science dans son état actuel. Ces deux personnages aux échanges vivants et parfois surprenants constituent un véritable support pédagogique pour le lecteur qui trouve dans Marie l’interprète pugnace de tous ses questionnements.

Avec beaucoup de tact, d’humour et de pédagogie, l’auteur emmène ses lecteurs à la découverte de la maladie et au plus près de la souffrance des malades. Son objectif est sans ambiguïté : dénoncer les préjugés, faire connaître la maladie et surtout la faire comprendre. Tous les aspects de la maladie sont abordés : ses origines, ses manifestations, ses conséquences, les différentes thérapeutiques, la compréhension de la réalité du malade.

Comprendre une maladie qui peut être dangereuse pour les malades et les proches

Alors qu’une majorité de la population croit encore que la dépression n’est qu’une faiblesse émotionnelle, que des mots comme bipolaire, angoisse, maladie chronique sont pour la plupart d’entre nous des étiquettes qui nous servent à classifier, à nous protéger, ce livre très accessible met en avant la réalité humaine d’une maladie complexe, protéiforme et souvent dangereuse pour les malades, voire pour leurs proches.

C’est donc un excellent remède contre la peur de l’inconnu, du malade et … de sa maladie.

 

Le Livre

LA MALADIE BIPOLAIRE EXPLIQUEE AUX SOUFFRANTS ET AUX PROCHES

Raphaël Giachetti

Edition Odile Jacob

250 pages - 22,90€   Commander le livre

 

L'association

BIPÔLES 31 3 rue Marie Magné 31300 TOULOUSE

métro St Cyprien

tél: 09 54 80 19 00

site de l’association : http:// bipoles31.free.fr

 

 

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vendredi, 31 août 2012

Un site conseillé à mettre dans vos favoris

 Le site psycom75.org est une mine de renseignement sur tout ce qui touche à la santé mentale et aux lois qui s'y rattachent.

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mardi, 17 juillet 2012

Les représentations sociales du « fou », du « malade mental » et du « dépressif

 

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Les représentations sociales du « fou », du « malade mental » et du « dépressif »


l'Information Psychiatrique. Volume 79, Numéro 10, 887-94, Décembre 2003, Santé mentale : images et réalités
 

Résumé   Summary  

Auteur(s) : Laurent Defromont , Praticien hospitalier, Chef de service, Directeur du Centre collaborateur OMS EPSM Lille. Métropole, Centre Frontières, 211 rue Roger‐Salengro, 51260 Lille‐Hellemmes , Jean‐Luc Roelandt.

Résumé : À partir d‘un échantillon de 10 882 personnes en France et dans l‘Océan indien, nous avons réalisé une analyse textuelle concernant les trois questions. Selon vous, qu‘est‐ce qu‘un fou ?, Selon vous, qu‘est‐ce qu‘un malade mental ? et Selon vous, qu‘est‐ce qu‘un dépressif ? L‘outil informatique utilisé pour traiter cette masse de données permet de mettre en évidence les différences culturelles entre sites, mais aussi de connaître l‘opinion générale sur la maladie mentale dans son acception la plus large. Ces données sont des outils de compréhension de l‘attitude des populations par rapport à la santé mentale, et donc également des individus dans leur relation avec la maladie.

Mots-clés : santé mentale, représentation, épidémiologie, cultures.

ARTICLE

 

Auteur(s) : Laurent Defromont1, Jean-Luc Roelandt2

1 Praticien hospitalier  
2
 Praticien hospitalier, Chef de service, Directeur du Centre collaborateur OMS 
EPSM Lille. Métropole, Centre Frontières, 211 rue Roger-Salengro, 51260 Lille-Hellemmes 

L'évolution de la prise en charge de patients suivis en psychiatrie a fait naître de nouvelles questions. L'apparition de traitements efficaces, les modifications des politiques de santé mentale, la disparition progressive des grandes structures asilaires, la volonté grandissante de réhabilitation des malades mentaux, ont confronté les équipes psychiatriques à de nouveaux problèmes. Il s'agit de la crainte et des oppositions au retour dans la communauté de ceux qui avaient longtemps été rejetés au loin... Ce sont les fous qui consultent les psychiatres ! Mais qu'est-ce que cela veut dire pour le public qu'être « fou » ? Est-ce la même chose que d'être « malade mental » ? Et le « dépressif », que représente-t-il dans notre société ? Quelle image a-t-on de lui ? Quelle signification donner à sa médiatisation ? 

L'accès aux soins passe par la déstigmatisation de la maladie mentale. Le besoin, la nécessité d'information des patients et de leur entourage amènent à faire un effort dans l'exercice d'explication de la maladie, mais aussi dans l'écoute du vocabulaire psychiatrique employé par ces derniers. Qu'est-ce qui est entendu à l'annonce d'un diagnostic ? Que devons-nous comprendre par l'emploi de vocabulaire lié à la psychiatrie par le patient ou ses proches ? Il y a le diagnostic et l'usage profane du terme. Ce type est schizophrène, Mon voisin est débile, Ma copine est hystérique. On voit bien d'ailleurs que l'ensemble des manières de parler la psychiatrie est négative. Ces différents problèmes ont un point commun : l'image de la psychiatrie, de la pathologie psychiatrique, des malades mentaux. 

Ces questions ont entraîné un nouveau courant de recherche en psychiatrie qui s'intéresse à l'étude de l'attitude du public envers les malades mentaux, mais également aux représentations des pathologies psychiatriques ou des psychiatres. L'étude La santé mentale en population générale : images et réalités analyse l'attitude du public et les représentations sociales du « fou », du « malade mentale » et du « dépressif ». Nous proposons une réflexion et des pistes pour comprendre ces représentations et les attitudes qui y sont attachées.

Les représentations sociales Revue de la littérature

La représentation sociale est un concept développé en psychologie sociale par Moscovisci et Jodelet. Pour Jodelet, une représentation sociale « C'est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourante à la construction d'une réalité commune à un ensemble social » [11, 12]. C'est un savoir naïf qui permet de se positionner dans la vie quotidienne. Il est impossible d'accéder directement aux représentations sociales ; elles se situent au carrefour entre l'individu et la collectivité. Mais comment interroger la collectivité ? Il faut d'abord interroger l'individu. Si le psychologique est interrogeable directement, la représentation sociale ne peut être que reconstruite (ou représentée). Ces représentations sociales peuvent impliquer des cognitions complexes. Dan Sperber signale même que « beaucoup de représentations culturelles complexes ne sont jamais rendues publiques sous la forme d'un discours intégré » [20].

Différentes études ont été effectuées sur les attitudes et les représentations sociales et ce qui les caractérise ; nous n'avons pas retrouvé d'étude française référencée [1, 2, 4, 13-15]. Certaines analysent l'impact de l'installation de malades mentaux dans une ville [5]. L'échelle d'évaluation, la Community Attitude to the Mentally Ill (CAMI scale), développée par Taylor et Dear [19], explore trois domaines (peur et exclusion, contrôle social et bienveillance) et est régulièrement employée par les auteurs comme base de leurs travaux. Les études se proposent d'identifier certains facteurs favorisant le rejet des malades mentaux, afin de mieux diriger les interventions éducatives en population générale [16]. Brockington retrouve un lien fort entre la tolérance des sujets, leur âge, leur éducation ou la proximité qu'ils peuvent avoir avec les malades mentaux [3]. L'effet de cette proximité est le plus communément admis ; le fait de connaître directement ou indirectement une personne présentant un trouble mental permettrait une meilleure tolérance. Wollf signale que les personnes les plus « rejetantes » sont les sujets qui ont des enfants à leur charge et les personnes qui ont un faible niveau d'éducation ; il ne retrouve pas de déterminant social [22]. Dans leur revue de la littérature, Hayward et Bright [10] montrent que les malades mentaux sont décrits dans la population comme « dangereux, imprévisibles, il est difficile de parler avec eux, eux seuls sont responsables, ils pourraient s'en sortir par eux-mêmes, ils répondent peu aux traitements. » Certains se sont intéressés à l'un des véhicules présumés de ces représentations des malades mentaux : les médias. Day [6], dans les journaux canadiens, Dudley [8], dans des fictions australiennes, et Wilson étudient la représentation télévisuelle des malades mentaux [21]. Ils notent tous les trois les visions péjoratives des représentations, mais on sait peu de choses sur ce qui motive ces attitudes. Pourquoi telle réaction, telle attitude sont-elles communément tenues par la population ? Les attitudes sont fréquemment étudiées sans qu'on en détermine les fondements.

Méthodologie

Questionnaires

Nous ne revenons pas sur la présentation générale de l'étude exposée par ailleurs [7, 18], nous précisons ici certains éléments concernant notre travail. L'élaboration du questionnaire s'est effectuée sur plusieurs années avec de multiples intervenants de différents domaines. Cela afin de ne pas plaquer un cas clinique psychiatrique qui ne « parle » qu'au psychiatre (c'est ce qui est fait avec les vignettes cliniques qui sont des types cliniques présentés aux interviewés). Il s'agit de faire émerger des entités reconnues par la population. Ce travail a permis de distinguer trois types différents de représentations : le « fou », le « malade mental » et le « dépressif ». Ces trois concepts permettent d'appréhender la conception du champ psychiatrique de la population générale. Trois questions ouvertes sont proposées dans cette étude, systématiquement en début puis en fin d'entretien : Selon vous, qu'est-ce qu'un fou ? Selon vous, qu'est-ce qu'un malade mental ? et Selon vous, qu'est-ce qu'un dépressif ? Les trois questions sont posées dans un ordre aléatoire défini par la feuille de route de chaque enquêteur, afin d'éviter un biais systématique de contamination des réponses entre elles. Notre approche est intermédiaire entre l'enquête d'opinion avec questions fermées et l'enquête de psychologie sociale proprement dite. C'est une recherche unique en son genre. Habituellement les travaux sur les représentations sociales sont effectués sur des entretiens individuels. La reconstruction de la représentation sociale est effectuée par un enquêteur à partir de différents entretiens avec un nombre de sujets restreint. Dans notre cas, la recherche de la représentation concerne une population de plus de 10 800 personnes interrogées. La méthodologie adoptée favorise les réponses courtes (en moyenne 8 mots par réponse), elle ne permet pas d'entrer dans les détails mais d'appréhender une notion plus collective. La répétition de la réponse à grande échelle dégage les invariants liés à celle-ci. C'est donc un travail plus superficiel mais aussi plus global. Notre analyse thématique n'est qu'un angle particulier pour aborder des représentations sociales (tableau 1).

Tableau 1. Les sites concernés par l'étude
Effectifs

Représentatif de

La Grande Comore 918 Ile
Antananarivo 899 Ville de Tananarive
Mahajanga 900 Ville de Mahajanga
Ile Maurice 899 Ile
Réunion 909 Ile
Guadeloupe 855 Ile
Marseille 893 Quartier nord de Marseille
Pyrénées orientales 885 Département
Nantes 413 Ville
Sud des Hauts-de- Seine 900 Chaville-Meudon Montrouge-Malakoff secteurs psychiatriques
Vallée de la Lys 902 Secteur psychiatrique
Lille Hellemmes 608 Secteur psychiatrique
Tourcoing 901 Ville
Total 10 882  

Chaque site est représentatif pour une zone déterminée selon des critères d'âge, de sexe et de catégories socioprofessionnelles. Les différents sites sont représentatifs pour eux-mêmes, c'est-à-dire qu'on ne peut effectuer un amalgame entre eux. Il ne nous est donc pas possible, en théorie, d'extrapoler à la France entière les résultats obtenus pour les sites français. Pour l'instant nous ne pouvons conclure que pour les sites concernés. La suite de l'enquête doit remédier à ce problème, en constituant un échantillon français représentatif nationalement.

Analyse des données

Alceste (Analyse lexicale par contexte de segment de texte) est un logiciel du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l'Anvar (Agence nationale pour la valorisation de la recherche). Il est utilisé habituellement pour l'analyse d'entretiens, de questions ouvertes, d'enquêtes socio-économiques, de recueils, de textes divers [17]. Il effectue un travail de synthèse des différents groupes thématiques qui ne reflète pas uniquement une idée globale du thème abordé, mais permet aussi de dégager les différents contextes thématiques dans lesquels sont abordées les questions posées. Ces contextes thématiques sont ensuite corrélés aux groupes proposés. Dans notre cas, il s'agit des sites d'investigation ou des questions posées selon les analyses auxquelles nous avons procédées.

Alceste segmente le corpus à analyser en unités contextuelles (UC). Il étudie ensuite la distribution des mots pleins (autres que les mots outils, pronoms...) dans ces UC. L'analyse des données se fait par tableaux de contingence ou de présence/absence, comportant deux entrées : les UC d'un côté et les formes de l'autre. Pour chaque UC, la répartition des formes est connue. Une comparaison permet de regrouper les UC comprenant un maximum de formes communes. On effectue donc une première division. Et ainsi de suite, en évoluant vers un nombre de classes définies. Il s'agit de la classification hiérarchique descendante. À partir de ces tableaux de contingence, sont calculés des Khi2 d'association, définissant en quelle proportion les items concernés sont attachés à une classe de façon aléatoire. Plus le Khi2 est élevé, plus la probabilité d'être un hasard est faible. Les Khi2 ne sont pas rapportés à une probabilité quantifiée, ce qui n'aurait aucun sens dans ce type de travail. Les chiffres seront donnés essentiellement à titre indicatif. Ils doivent être considérés comme des repères de la liaison.

Nous développerons dans cet article une analyse réalisée sur l'ensemble des données.

• Analyse globale

Cette analyse globale rassemble l'ensemble des sites d'investigation pour une question donnée et permet d'approcher la spécificité culturelle de la représentation pour les différents sites. Les découpages thématiques suivent les spécificités culturelles. Nous dégageons les thèmes qui sont les vecteurs de ces différences culturelles entre les groupes retrouvés.

• Critères

L'analyse textuelle aboutit donc à des regroupements thématiques qui sont exposés sous forme de listes de mots. Nous rapportons leur occurrence (dans le groupe thématique donné) ainsi que le Khi2 d'association (entre le mot et le groupe thématique). Pour chaque groupe, nous avons pris les 40 termes les plus liés (Khi2) et limité les formes sélectionnées à un Khi2 supérieur ou égal à 10. Nous n'avons pris en compte que les mots qui étaient cités au moins 5 fois dans un groupe donné. Nous présentons ici les dix premiers termes. Pour analyser leur sens, nous les avons réintroduit dans leur contexte. Les analyses tendent à décrire un objet signifié qui n'est pas représenté par un signifiant stable ; pourtant nous utilisons ces signifiants en les reformulant afin d'en dégager une idée concrète. Et par là même, nous réintroduisons forcément une erreur par rapport à cet objet signifié.

Résultats

Les représentations du « fou »

À Madagascar (tableau 2), le fou perd son caractère d'humain, il est retourné à l'état de nature, il n'a plus de honte : il est nu, sale, il mange des saletés, il erre et il a un comportement incongru. La folie lui retire sa qualité d'être humain. C'est cette représentation amorale du fou qui le caractérise par rapport aux autres sites, mais c'est la proximité du malade mental, la déficience qui est le plus souvent évoquée à Madagascar.

Tableau 2. Analyse globale des représentations du « fou » à Madagascar
OccurrencesKhi2
Nu +  142 669,56
Incapable +  98 352,47
Promen + er 70 308,09
Excentri <  61 242,85
Vagabond +  54 238,98
Mang + er 56 236,28
Err + er 52 229,66
Hont + e 52 217,68
Inconscient +  75 180,14
Vêtement +  45 179,81

À l'île Maurice et à la Grande Comore (tableau 3), il existe une atteinte des fonctions qui sont défaillantes : affaiblissement, fatigue mentale pour l'île Maurice et défaut de fonctions pour la Grande Comore. Les manifestations de la folie sont essentiellement perçues à travers le discours : l'île Maurice évoquant plus une bizarrerie et la Grande Comore l'absurdité, l'inadaptation.

Tableau 3. Analyse globale des représentations du « fou » à l'île Maurice et à la Grande Comore

OccurrencesKhi2
Fatigue +  55 219,39
Mémoire +  71 197,48
Sain +  54 194,16
Esprit +  116 119,30
Comprendre 66 114,14
Parole +  23 72,21
Intellig <  29 65,61
Affecte +  16 56,63
Tête +  163 52,72
Souci +  21 50,43

En France (tableaux 4 et  5 ), le fou est inadapté au monde, à la réalité et à la société, en dehors des référentiels communs. Sa réalité n'est pas la nôtre ; le « fou » est celui qui vit dans un autre monde tout à fait détaché du nôtre ; il est au-delà des cadres et des limites. Il ne correspond à aucun des schémas qui régissent l'individu. Il échappe à l'entendement, aux lois humaines, aux lois de la nature, aux lois de la psychologie, voire à celles de la physique. On ne peut rien dire du fou. On ne peut rien comprendre du fou, il ne correspond pas à nos schémas de pensée. Autant il est incapable de s'adapter à notre monde (il est dans un autre monde), autant notre monde et ses règles ne peuvent s'adapter à lui. Le fou n'est pas compréhensible, il échappe à toute connaissance. La seule loi concernant le fou est qu'il n'est concerné par aucune (légale, morale, psychologique, physique). On affirme qu'on ne peut rien affirmer pour le fou. Le danger que représente le fou renvoie à son imprévisibilité. Le fou ne s'appartient pas, il a perdu la tête. Il n'a pas tout à fait un droit de regard sur son corps, sur son être même ! Il a un défaut du soi.

Tableau 4. Analyse globale des représentations du « fou » dans les sites français

OccurrencesKhi2
Monde +  166 104,18
Norme +  160 97,59
Réalité +  153 84,64
Folie +  96 77,01
Société +  189 75,63
Danger +  160 70,72
Faculté +  117 50,53
Différ + ent 102 43,95
Repère +  40 32,43
Notion +  55 24,76

Tableau 5. Analyse globale des représentations du « fou » dans les sites français

OccurrencesKhi2
Compte +  37 205,64
Rendre 40 199,91
Terme +  40 135,05
Besoin +  23 106,16
Hopita + l 14 80,36
Péjorati + f 20 75,28
Populaire +  12 67,79
Désign + er 12 67,79
Employ + e 10 62,77
Aide +  10 62,77

Certaines personnes disent que le fou n'existe pas, qu'il existe plusieurs sortes de fou. Certains critiquent le mot fou de manière tout à fait marginale. On note une volonté de rationaliser, de démanteler le concept de « fou » pour l'intégrer au médical, le rattacher à la maladie mentale et instituer le soin. En raison de ses inaptitudes et particulièrement de son incapacité à se rendre compte de son état, le fou a besoin de soins. Mais ces soins ne semblent passer que par un isolement, un lieu spécialisé, un éloignement. C'est l'autre, le médical qui se rend compte pour lui et le prend en charge. La relation qui est faite dans ce groupe thématique est intéressante puisque l'incapacité à se rendre compte de son état est liée à la prise en charge médicale. Cela n'est pas sans rappeler la situation de l'hospitalisation à la demande d'un tiers. On remarquera que le soin n'apparaît que lorsque le terme de fou est critiqué. Ce dernier thème est moins représenté dans la population que les précédents.

Un concept global d'inaptitude, d'insuffisance, d'incapacité ou de défaillance est retrouvé dans tous les groupes. Chaque groupe possède une spécificité. C'est à l'île Maurice et à la Grande Comore que la déficience est la plus caractéristique de la représentation du fou. Il s'agit essentiellement d'une déficience des fonctions, d'un affaiblissement. À Madagascar, il s'agit d'une déficience de la raison et, en France, d'un défaut de contrôle de soi ou de conscience de soi. La notion de norme pour le fou est variable d'un site à l'autre. Elle est essentiellement morale à Madagascar, tout à fait absente pour le site français (le fou n'a plus de repère), alors qu'elle est plutôt d'ordre fonctionnel ou comportemental à l'île Maurice et à la Grande Comore. Nommer comme fou est déjà donner un sens, le rapprocher de quelque chose de connu, c'est-à-dire l'intégrer à une mythique culturelle. Une perte de contact avec le monde, un retour à la nature, un trouble fonctionnel, voilà comment peuvent s'expliquer les excès humains. C'est parce que je n'ai pas accès au signifié des actes du sujet qui se trouve face à moi que je projette sur lui le mythe du fou. C'est mon défaut de sens personnel qui fait de l'autre un fou.

Les représentations du « malade mental »

Aux Comores et à Madagascar (tableau 6) le malade mental est perçu à travers le parler, le faire. C'est le caractère absurde ou transgressif qui vient l'identifier. En termes de déficience, l'esprit du malade mental est atteint quantitativement ou qualitativement. À Madagascar, le fou est très proche du malade mental, de même pour la Grande Comore qui individualise peu les deux concepts.

Tableau 6. Analyse globale des représentations du « malade mental » à Madagascar et à la Grande Comore
OccurrencesKhi2
Incapable +  77 187,28
Parl + er 95 187,11
Toqu + er 49 145,16
Parole +  47 143,81
Acte +  94 137,76
Discours 51 129,52
Insensé +  43 117,25
Inconscient +  50 108,41
Excentri <  29 87,90
Nu +  27 81,75

À l'île Maurice (tableau 7), les notions de fatigue mentale, de stress sont apparentes. Le malade mental est compréhensible et explicable. Il existe des causes à son trouble, les soucis, l'alcool. Il doit suivre un traitement. La notion de traitement est primordiale à l'île Maurice pour définir le malade mental.

Tableau 7. Analyse globale des représentations d'un « malade mental » à l'île Maurice

OccurrencesKhi2
Fatigué +  97 1 101,34
Affecte +  34 304,65
Stress +  23 173,82
Alcool <  22 146,23
Raisonn + er 45 140,84
Nerf +  24 123,02
Fonctionn + er 26 115,09
Boire 13 113,39
Menta + l 117 85,00
Tête +  92 84,95

En France (tableaux 8 et 9), les sites évoquent clairement deux thèmes. Il s'agit surtout d'un problème médical, le malade mental souffre d'un problème psychologique et d'un handicap. On note une forte dualité entre physique et psychique. Il est fait référence pour le malade mental, à l'arsenal héréditaire et biologique bien entendu.

Tableau 8. Analyse globale des représentations d'un « malade mental » en France

OccurrencesKhi2
Troubl + er 235 205,90
Psycholog + 16 230 160,09
Atteint <  166 144,53
Maladie +  289 126,38
Niveau +  119 124,58
Problèm <  356 113,07
Psych + 16 164 86,33
Psychiatr + 16 70 67,65
Souffrir. 116 67,21
Cerveau +  210 63,50

Tableau 9. Analyse globale des représentations d'un « malade mental » en France

OccurrencesKhi2
Monde +  64 100,26
Dépressi + f 86 84,48
Venir 25 68,85
Société +  67 64,10
Vivre 67 56,19
Voir 31 43,19
Réag + ir 35 41,20
Adapt + er 21 36,39
Vie +  70 36,20
Réalité +  46 35,55

La seconde représentation du malade mental est celle d'un autre fou. Le malade mental est moins inadapté par rapport au fou, il existe une forte proximité fou = malade mental. Dans tous les sites, on note un glissement entre le fou et le malade mental. La référence positive ou négative au fou reste très présente ; avant de savoir ce qu'est un malade mental, on sait ce qu'est un fou, cette représentation est évidente. La représentation du fou est une représentation naturelle : elle n'a pas besoin de la science pour exister. Elle fait référence à des notions fortes, comme la différence et la crainte de l'autre. Il faut avoir accès à des notions bien précises avant d'effectuer une distinction entre fou et malade mental ; la représentation sociale du malade mental passe par celle du fou. Pour le malade mental, on ne se situe plus dans l'« être » mais dans l'« avoir ».

Il existe deux polarités. L'une que l'on relie au fou (c'est un être différent), l'autre au malade mental (c'est une maladie). Mais cette différence n'est pas nette. Il s'agit d'une continuité de l'une à l'autre de ces conceptions. D'ailleurs Wilson a été confronté à cette continuité dans son étude sur les représentations des malades mentaux dans les programmes télévisés. Où débute la référence aux malades mentaux et où débute la référence à ce qui n'a pas reçu de sens ? Le malade mental est un fou minoré ou plutôt intégré à une dimension médicale. La notion de traitement chez le fou n'apparaît que lorsque celui-ci est rapproché du malade mental. S'il a une maladie, alors il existe une cause, un traitement. Des causes sont plus fréquemment évoquées pour le malade mental. L'idée de souffrance est quasi-absente pour le fou. Le malade mental est plus rassurant que le fou car il est compris par le médecin, le psychiatre. Il n'est donc pas étonnant qu'on réclame à ce dernier de pouvoir prédire sa dangerosité, ses actes. On peut probablement ici faire le lien avec ceux qui demande la disparition du mot fou. Le médecin connaît sa maladie, il pourra donc savoir quand et comment le malade mental sera dangereux. Les actes insensés deviennent explicables par la maladie.

Les représentations du « dépressif »

Tableau 10. Analyse globale des représentations d'un « dépressif » à Madagascar

OccurrencesKhi2
Acte +  45 314,31
Intellig <  37 285,11
Parole +  28 213,18
Sot +  26 206,79
Anorma + l 33 192,75
Esprit +  39 184,62
Raison +  52 162,23
Dérang + er 21 148,79
Mémoire +  22 141,34
Vêtement +  17 125,65

Tableau 11. Analyse globale des représentations d'un « dépressif » aux Comores

OccurrencesKhi2
Vie +  87 41,67
Triste +  63 38,42
Souci +  55 33,34
Victime +  51 30,83
Accabl + er 48 28,95
Malheur +  41 24,60
Temps 47 21,15
Psycholog + 16 42 20,32
Mélancol + 16 34 20,29
Choc +  31 18,46

Tableau 12. Analyse globale des représentations d'un « dépressif » à l'île Maurice

OccurrencesKhi2
Fatigue +  100 458,67
Souci +  86 376,37
Désol + er 30 331,03
Affecté +  33 289,37
Menta + l 100 263,83
Dégout + er 14 141,98
Fait 86 117,08
Stress +  57 114,66
Néglig + er 9 98,99
Frustr + er 8 67,23

Tableau 13. Analyse globale des représentations d'un « dépressif » en France

OccurrencesKhi2
Noir +  401 450,22
Voir 369 401,18
Triste +  335 165,96
Vie +  496 165,68
Pleur + er 161 111,63
Négati + f 112 96,85
Bro + yer 69 78,45
Idée +  95 70,31
Aller 112 70,14
Goût +  146 65,96

Tableau 14. Analyse globale des représentations d'un « dépressif » en France

OccurrencesKhi2
Nerf +  168 139,92
Nerv + eux 185 130,13
Suite +  78 85,52
Choc +  88 73,91
Travail <  99 70,67
Dépressi + f 153 65,82
Maladie +  99 59,38
Psycholog + 16 75 57,71
Besoin +  45 55,04
Crise +  46 51,93

La dépression à Madagascar (tableau 10) est peu connue (nombre de non-réponse/nb de réponse = 50 %) mais ceux qui la connaissent y décrivent une tristesse de l'humeur, une conséquence à des conflits psychologiques, des déceptions, un deuil.

Aux Comores (tableau 11), le dépressif est proche du fou et du malade mental.

À l'île Maurice (tableau 12), on retrouve la notion de fatigue mentale et de découragement, secondaire à des soucis familiaux, mais aussi à la drogue.

Sur les sites français (tableaux 13 et 14 ), on retrouve deux thèmes, le premier est attaché de façon prédominante aux sites métropolitains, le second à la Réunion et à la Guadeloupe.

En France métropolitaine, il s'agit essentiellement de la souffrance psychologique. On retrouve une théorie de l'humeur. Le sujet est triste, il a une vision négative et, surtout, il est incapable d'assumer la vie courante. Il ne peut faire face.

À la Réunion et à la Guadeloupe, c'est une théorie nerveuse qui prédomine. Le sujet est pris des nerfs, il est nerveux. Il fait des crises, il ne contrôle plus ses émotions. Il pète les plombs. Cela est en relation avec un choc psychologique ou des ennuis : travail, deuil, amour. Il a besoin d'aide. C'est une conception très énergétique d'action/réaction face à des problèmes.

On trouve une notion d'événements traumatiques qui entraîne une réaction du sujet (nerveuse ou maladie). C'est de cette façon qu'interviennent les événements cités plus haut. Ils interviennent également comme les révélateurs d'un état empêchant l'individu d'assumer les soucis de la vie quotidienne. Ces événements ne sont pas traumatisants pour tous, mais ils semblent insurmontables. Dans ce cas, il existe un état prédominant et les soucis sont de moindre importance. Le dépressif se situe souvent à un carrefour entre un état de sa personne et un état réactionnel à un événement extérieur. Il est proche de l'état, pas de l'être. On voit apparaître souvent l'aspect transitoire du trouble. Il s'agit d'une réaction (il est écrasé) ou d'un effondrement de la personne (le sujet implose). Cette distance que nous constatons entre dépressif et maladie (ou le médical) peut remettre en cause ceux qui pensent que les sujets ont facilement recours à la pilule miracle. Certes, le public n'a pas une représentation claire de ce qu'est la dépression (c'est une vision plutôt extensive), mais elle n'évoque pas le traitement en première intention. C'est une relation d'aide qui est évoquée. Mais, inversement, c'est aussi cet aspect qui rend parfois difficile l'acceptation du traitement médicamenteux.

La dépression est méconnue à Madagascar. Elle est non différenciée de la folie et de la maladie mentale en Grande Comore. C'est la fatigue à l'île Maurice et en France. Deux conceptions en termes de représentation : la folie est hors champ médical, la maladie mentale est la folie médicalisée, la dépression est la maladie mentale consciente.

Conclusion

Chaque maladie a une image. Pourtant, en psychiatrie, il existe un vide de représentation, la population a peu de représentations pour penser la psychiatrie. Les représentations qui prédominent sont celles du fou, du malade mental ou du dépressif. Personne ne veut être ou devenir fou, c'est intolérable. La clinique de l'attaque de panique montre qu'il s'agit, avec la peur de la mort, de l'une des plus grandes craintes. Le fou, c'est celui qui n'a pas conscience de lui-même et dont les actes ne peuvent être expliqués. On s'aperçoit avec cette étude que le malade mental a hérité de tous les stigmates du fou, avec la caution médicale en prime ! Pourtant, Henri Ey pensait qu'en ne parlant que de maladies mentales, on réduirait la question de la folie à une insignifiance. Ce n'est pas le cas, et peut-être la même dérive s'attachera-t-elle dans quelque temps aux termes de troubles psychiques. Il en va autrement pour le dépressif dont les événements de vie, l'histoire individuelle justifient l'état actuel. Pour résumer on pourrait dire : le fou est fou, le malade mental a une maladie et le dépressif fait une dépression.

L'étude montre également le décalage persistant entre le vocabulaire populaire de la folie et la sémiologie psychiatrique. Alors comment changer l'image des maladies, des malades et de ceux qui les soignent ? Il ne semble pas pertinent de lutter contre cet archétype du fou, ni même celui du malade mental, qui jouent indubitablement un rôle dans l'imaginaire collectif. En effet, la lutte frontale contre ces représentations peut entraîner un effet inverse : désigner avec encore plus de force et d'exclusion les personnes identifiées et les « surstigmatiser ». Par contre, il est toujours possible, sans tomber dans l'angélisme, de rendre plus proches, plus accessibles, plus humains les troubles mentaux. La dépression est devenue très médiatique ces trente dernières années, c'est de cette façon que son image a changé et qu'elle est moins perçue comme une maladie honteuse. Il faudra montrer les maladies et les médiatiser.

Cette enquête, par la mise au jour des représentations de la folie, de la maladie mentale et la dépression, est le point de départ, dans plusieurs sites, d'actions de communication et d'information en direction de la population et des professionnels de santé, adaptées aux spécificités culturelles de chaque site.

Références

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8. Dudley M. Images of psychiatry in recent Australian and New Zeland fictions. Aust NZ J Psychiatry 1994 ; 28 : 574-90.

9. Ehrenberg A. La fatigue d'être soi. Paris : Odile Jacob, 1998.

10. Hayward P, Bright JA. Stigma and mental illness : a review and critique. J Mental Health 1997 ; 6 : 345-54.

11. Jodelet D. Les représentations sociales. Paris : PUF Sociologie d'aujourd'hui, 6e édition 1999.

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Defromont L, Roelandt JL. Les représentations sociales du « fou », du « malade mental » et du « dépressif ». L'Information Psychiatrique 2003 ; 79 : 887-94.

lundi, 09 juillet 2012

Aide aux jeunes en souffrance

Je vous recommande cette vidéo d'un interview du Dr Fréderic Kochman Qui nous parle du fonctionnement de la clinique Lautréamont et de la façon dont les jeunes sont soignés.

C'est une manière novatrice qui porte des résultats très positifs

 http://www.dailymotion.com/video/xrzz18_plus-de-sciences-4_tv?search_algo=1

 Denise

mercredi, 30 mai 2012

Isolement en psychiatrie


TROP DE MESURES D'ISOLEMENT EN PSYCHIATRIE

Maltraitance. Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) préconise entre autres de revoir les protocoles d’isolement et de mise sous contention.

Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) publie un rapport relatif à sa visite en France du 25 novembre au 10 décembre 2010. Pour ce qui a trait à la psychiatrie, il relève un certain nombre de dysfonctionnements et, en particulier, des cas de maltraitance et de recours abusifs à l’isolement et à la contention.
La délégation du CPT a notamment visité le GH Paul-Guiraud (Ile-de-France), l’EPSM Val-de-Lys-Artois (Pas-de-Calais), et le CHS Le Vinatier (Rhône-Alpes). Elle note en préambule que les patients ont généralement parlé « en des termes élogieux de la manière dont ils étaient traités par le personnel hospitalier ». Cela étant, la délégation a recueilli quelques allégations de mauvais traitements de patients. Elle rappelle « qu’aucune forme de violence, physique ou verbale, n’est tolérable » et préconise une formation renforcée sur les situations à risque et les techniques de contrôle manuel des patients hétéro-agressifs. Le CPT souligne également que les interventions du personnel de surveillance pénitentiaire dans les zones de soins des Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour personnes détenues devraient être exceptionnelles et se dérouler de manière proportionnée.
En outre, le Comité recommande des mesures urgentes à l’égard de personnes en attente de placement en unité pour malades difficiles (UMD) et des détenus souffrant de troubles psychiatriques nécessitant une prise en charge hospitalière ; il est apparu que de tels patients sont généralement mis en chambre d’isolement, souvent sous contention, au cours de périodes prolongées, dans des services de psychiatrie générale.
Le CPT note que les pratiques relatives à l’isolement et à la contention varient considérablement d’un établissement à l’autre, voire d’un service à l’autre et recommande de veiller à ce que des protocoles pour ces mesures soient revus et donnent lieu à des consignes écrites sur les procédures à suivre. Lire également avec ce rapport la réponse du gouvernement français.
Depuis la visite du CPT, le GH Paul-Guiraud fait état de plusieurs améliorations (formation, observatoire de la violence, procédure de mise en chambre d’isolement).

  •  Rapport au gouvernement de la République française relatif à la visite effectuée en France par le CPT du 28 novembre au 10 décembre 2010. Avril 2012. Téléchargeable sur le site du CPT.

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