Nutrition et souffrance psychique (samedi, 08 mars 2014)

Article sur la nutrition pour faire suite au groupe de parole du 26/4/2014.Comment bien nourrir le cerveau d’une personne en souffrance psychique ?

Retour sur la demi-journée d’automne le 7 nov. 2013 à Loos

A l’époque où l’on s’intéresse aux effets de l’alimentation sur la santé, la clinique Lautréamont propose une approche sensible de la nutrition pour des jeunes patients en souffrance psychique.

A l’époque où l’on s’intéresse aux effets de l’alimentation sur la santé, la clinique Lautréamont à Loos-lez-Lille propose une approche sensible de la nutrition pour des jeunes patients en souffrance psychique.

Cette rencontre organisée par la Fédération régionale de recherche en santé mentale Nord – Pas-de-Calais , le 7 novembre 2013, fut l’occasion de comprendre les mécanismes, effets et apports de l’alimentation sur le fonctionnement du cerveau. Mais de quel cerveau parle-t-on ? Car, en définitive, notre corps serait "constitué" de 3 cerveaux :

  • celui de la tête
  • celui du cœur
  • celui de l’intestin

Etrange conception qui prend sens lorsqu’on s’intéresse aux interactions entre ces organes. On retrouve, en effet, 200 millions de neurones dans les intestins. Ces cellules nerveuses semblent indiquer que l’intestin envoie en permanence des données au cerveau (via le sang mais aussi le nerf vague). Et on retrouve ce même lien bijectif entre le cerveau et le cœur (la cohérence cardiaque). Dès lors, pourquoi s’étonner de l’interaction entre la microbiote (ou flore intestinale) et le cerveau ?

Cet état élargit le champ du possible : une modification de la flore intestinale aurait-elle des effets sur l’état neurobiologique de la personne ? D’ores et déjà, des études sont en cours sur le syndrome de l’intestin irritable et dans le traitement de la dépression [1] et des voies de recherche sont ouvertes pour la maladie d’Alzheimer, de Parkinson [2] et même la schizophrénie.

On peut s’interroger également sur le rôle joué par les neurotransmetteurs. Sérotonine, triptophane, L-Tyronise... Les associer à des traitements médicamenteux permettrait de renforcer les effets sur des pathologies comme la dépression [3] [4] [5] (dépression saisonnière, syndrome prémenstruel, dépression dopamino-dépendante...).

De même, le lien linéaire entre la consommation de poisson et la dépression est probant : après 35 jours de prise d’Oméga 3, une personne en état dépressif éprouve une amélioration de son élan vital ainsi qu’une baisse de l’agressivité et de l’anxiété [6].

Nul doute maintenant qu’il convient de bannir la junk food au profit d’une alimentation riche en Oméga 3 et en anti-oxydants. De ces recherches découle un programme éducatif dont bénéficient les jeunes patients pris en charge au sein de la clinique Lautréamont. « A l’hôpital, on peut BIEN manger ! » rappelle le Dr Frédéric Kochman, pédopsychiatre coordinateur de la clinique. De fait, les jeunes patients hospitalisés en raison d’un trouble psychique sont sensibilisés au cours de groupes d’éducation thérapeutique à l’importance et l’impact de l’alimentation sur notre cerveau. Il précise que « des données étonnantes sont alors échangées entre notre équipe soignante et les patients. Par exemple, saviez-vous que 25% des calories ingérées par jour sont à destination unique de notre cerveau, qui ne représente pourtant que 2% du poids du corps ? Saviez-vous que la carapace ou plus exactement la membrane de nos 100 milliards de cellules nerveuses est constituée principalement de phospholipides c’est à dire de gras ? C’est pourquoi le choix de bonnes substances grasses (en l’occurrence les acide gras Oméga 3, provenant avant tout de la mer) peuvent avoir un impact notoire sur notre fonctionnement cérébral et donc contribuent à guérir d’un stress chronique tel que la dépression ». En pratique, à chaque repas, des fiches détaillées consacrées à différentes familles alimentaires (les choux, les carottes, les tomates, l’ail, les poissons, etc.) sont mises à disposition sur les tables. Les jeunes patients les lisent, s’approprient leur contenu, et en reparlent très souvent au cours des entretiens avec les soignants de notre clinique. « Au total, cette implication mixte soignants-soignés sous la forme d’une démarche motivationnelle pour une alimentation saine représente une avancée majeure dans une démarche raisonnée et holistique des soins pour nos jeunes patients » ajoute le Dr Frédéric Kochman.

En résumé, se soucier de la qualité de l’alimentation d’une personne c’est, indirectement, agir sur sa santé psychique. Des passerelles entre la gastro-entérologie, la nutrition et la psychiatrie semblent dès lors devoir se mettre en place.

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