Il y a cinq ans, Marie-Christine Thibaut, 53 ans, a été hospitalisée à Armentières pour cause de grave dépression. Une épreuve très douloureuse, en partie derrière elle. Désormais elle est investie dans le secteur de la psychiatrie et porte avec Patrick Le Cardinal, médecin en santé mentale, le projet d'importer dans la métropole lilloise le concept de pairs-aidants.
Cette nouvelle manière d'envisager le soin est née outre-Atlantique et consiste à introduire des malades « en bonne voie sur le chemin du rétablissement » dans le parcours de soin d'autres malades. Ils passent du temps ensemble, discutent. La relation se construit autour d'un vécu commun.
Proximité
Marie-Christine a mené l'expérience. Elle a accompagné une dame, d'un âge voisin du sien, malade de dépression. « Elle passait sa journée en chemise de nuit, ne sortait pas de chez elle... Et dès qu'elle me voyait, elle retrouvait le sourire. Une fois, on est même allées bras dessus bras dessous acheter un magazine télé, ça a été un grand pas. » (...) « C'est normal, on prenait les mêmes médicaments, on a eu les mêmes symptômes. Je savais ce qu'elle vivait, elle sentait que je la comprenais. »Le docteur Le Cardinal énumère les bons résultats obtenus au Canada et aux États-Unis. Nécessaire car il doit convaincre. En effet, la méthode bouscule le milieu médical habitué à la traditionnelle relation soignant-soigné et implique de demander aux structures de l'argent pour rémunérer les pairs aidants.
Pour lui, « c'est important de reconnaître que nous, médecins, on ne peut pas tout faire. » Le message est passé, en partie : des formations ont récemment eu lieu, des soutiens officiels ont été apportés et ce projet pourrait voir le jour dans la métropole en 2010. •
LAURENT DECOTTE
PHOTO STÉPHANE MORTAGNE